La présidentielle qui se tient aujourd’hui en Ouganda, symbolise jusqu’à la caricature l’état de la démocratie en Afrique. Le président sortant Yoweri Museveni 77 ans, 35 au pouvoir, fait face à 11 candidats. Parmi ceux-ci Bobi Wine, son principal opposant, 39 ans. Robert Kyagulanyi de son vrai nom, n’avait que trois ans donc quand Museveni est arrivé au pouvoir. Chanteur engagé et populaire, il n’a connu qu’un seul chef de l’État à l’image de toute sa génération. Car, quand Museveni décida de créer l’Armée de résistance nationale (Nra), après l’élection contestée du président Milton Obote en 1980, son opposant d’aujourd’hui n’ était pas encore né. Quand il prit le pouvoir en 1986, il était encore “entre les mains de sa maman”.
Ce jeudi 14 janvier, cette icône de la jeunesse ougandaise n’a aucune chance de remporter le scrutin face à un président qui compte vaille que vaille rester au pouvoir au point d’ordonner de tirer à balles réelles sur des opposants. Comme c’est le cas le 18 novembre dernier, lors d’une manifestation en soutien au reggae man arrêté des jours plus tôt. C’est le même traitement qui était souvent infligé à l’ex-chef de l’opposition Kizza Besigye qui a affronté à quatre reprises l’inamovible président. Aujourd’hui, il est représenté par Patrick Oboi Amuriat du Forum pour le Changement Démocratique. Musoveni, plus que jamais confiant et déterminé, promet non sans audace de “garantir l’avenir” à ses concitoyens.
Il sera réélu. Sans doute. Mais malgré sa longévité au pouvoir, il ne fait pas figure d’exception en Afrique. Paul Barthélemy Biya’a bi Mvondo est à la tête du Cameroun depuis 39 ans. Théodoro Obiang Nguema Mbasogo au pouvoir depuis 1979, 41 ans en Guinée Équatoriale. Et ils sont nombreux leurs pairs africains à rêver d’en faire autant ou plus. En pensant que ceux qui doivent les remplacer ne sont pas encore nés.
Miim Réew