Donald Trump a été acquitté, samedi 13 février, malgré le vote de sept républicains en faveur de son « impeachment ». Si le camp républicain n’est pas complètement déchiré, quel est l’avenir de l’ancien président au sein du parti ?
Avec notre correspondant aux États-Unis, Thomas Harms
Avec 57 voix pour et 43 contre, alors qu’il fallait la majorité des deux tiers, les procureurs démocrates ne sont pas parvenus à convaincre suffisamment de sénateurs républicains pour obtenir la condamnation de l’ancien président qui a donc été acquitté pour la deuxième fois. Mais sept élus du Parti républicains ont voté pour la destitution de Donald Trump.
Au soir de l’acquittement de Donald Trump, le chef des sénateurs républicains, Mitch McConnell ne masquait plus qu’il voulait éloigner son parti de la mainmise de l’ancien président : « Il n’y aucun doute, le président Trump est concrètement et moralement responsable d’avoir provoqué les événements du 6 janvier. Nous avons une justice criminelle dans ce pays, le président Trump est toujours responsable devant la loi pour tout ce qu’il a fait quand il était en poste, comme un citoyen ordinaire. Il n’est pas tiré d’affaire. Pas encore. »
Donald Trump, retiré en Floride, aurait confirmé à des proches avoir des craintes d’être poursuivi en justice pour incitation à l’insurrection.
« La force la plus puissante qui existe dans le Parti républicain, c’est le président Trump »
Pour autant, l’un de ses proches, le sénateur Lindsey Graham, l’a eu au téléphone. Et dimanche, il avait confiance dans son avenir chez les républicains. « Il est prêt à aller de l’avant et à reconstruire le Parti républicain. Il est impatient d’être en 2022 pour les élections de mi-mandat. Il est prêt à se lancer et je suis prêt à travailler avec lui, explique-t-il. La force la plus puissante qui existe dans le Parti républicain, c’est le président Trump. »
Le Parti républicain va donc devoir composer avec un Donald Trump, qui aurait d’ailleurs un peu abandonné son idée de créer un nouveau parti.
Aucun témoin n’aura finalement été entendu lors de ce second procès en destitution de Donald Trump. Samedi pourtant, le chef des procureurs républicains, Jamie Raskin, avait annoncé en ouverture de ce cinquième jour du procès qu’il allait convoquer Jaime Herrera Beutler, une élue républicaine de la Chambre des représentants qui avait rapporté un échange entre le chef des républicains à la Chambre Kevin McCarthy et Donald Trump survenu lors de l’assaut meurtrier du 6 janvier. Mais cela aurait risqué de retarder le verdict et d’entraver le travail de la nouvelle administration américaine, explique Paul Schor, maître de conférences en histoire et civilisation américaines à l’université Paris-Diderot.
« Il y a eu des tractations avec les républicains qui ont dit que si les procureurs démocrates faisaient venir des témoins, et en particulier cette représentante républicaine qui avait un témoignage assez incriminant pour Trump, eux d’une part allaient demander l’audition d’un grand nombre de témoins, dont Kamala Harris, Nancy Pelosi et d’autres. Mais surtout, ils allaient faire traîner en longueur à la fois le procès, mais aussi les procédures de confirmation des ministres de Joe Biden, qui ne sont pas encore tous confirmés, c’est-à-dire utiliser les moyens de procédure pour que tout cela traîne en longueur, rapporte-t-il. Et en fait, ce n’est clairement pas l’intérêt de Joe Biden qui a envie qu’on mette cette histoire derrière et qu’on se focalise plutôt sur sa politique à la fois économique et sanitaire qui est pour le moment assez populaire pour les Américains. »
rfi