“Le Sahel va ressentir l’impact de la disparition de Déby“, selon Bakary Sambe. Le directeur de Timbuktu Institute (un centre d’études consacré à la paix et à la sécurité en Afrique), lors d’un entretien avec le quotidien “Le Soleil” et repris par l’APS, a fait une analyse sur les conséquences de la mort du président tchadien sur la lutte contre le terrorisme au Sahel.
La mort de Déby…
Pour mémoire, le président tchadien est décédé mardi, après avoir été blessé lors de combats opposant l’armée tchadienne à des rebelles, le week-end dernier. A la tête du pays depuis trente ans, il devait entamer un sixième mandat pour lequel il a été réélu le 11 avril dernier. L’armée a annoncé la mise en place d’une transition de dix-huit mois que dirige Mahamat Idriss Déby Itno, un de ses fils et commandant de la garde présidentielle, rappellent nos confrères.
Il fut un allié “très important”…
En effet, souligne M. Samb, Idriss Deby était un allié très important, “un pivot capital dans la stratégie de Paris et de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme au Sahel (…) Dans tous les cas, le Sahel ne sortira pas indemne de cette situation… L’impact de la disparition de Déby sera ressenti sur les plans politique, militaire et sécuritaire’’ de la région. ‘’Une nouvelle géopolitique va donc se redessiner…”
Une grande équation…
“Je ne vois pas aujourd’hui une alternative assez rapide qui va se mettre en place… Mais il n’est pas à exclure que les nouvelles autorités [tchadiennes] jouent à fond cette carte (celle de la stabilisation du Sahel) parce que c’est [leur] seul gage de légitimité sur le plan international et la seule possibilité d’espérer un soutien international face aux pressions internes et aux troubles sociaux qui ne manqueront pas de survenir au Tchad“, souligne Bakary Sambe.
Il poursuit : “Sur le plan interne, il y a des risques d’instabilité certains, malgré l’entêtement des militaires et la rapidité avec laquelle son fils a été mis à la tête de la transition. Il y a aussi des risques sur le plan sahélien si on prend en compte le rôle et l’engagement du Tchad dans la lutte contre le terrorisme (…) C’est une grande équation qui se pose à la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, la France en premier… Aujourd’hui, ce sont plusieurs inquiétudes qui sont là et qui devront pousser à la réflexion sur le devenir de la situation géostratégique de la région…”
Pour lui, son décès ne facilite pas l’ “africanisation” des troupes antiterroristes tant souhaitée, par le président français, Emmanuel Macron, dans les efforts visant à stabiliser la région.
Vers une nouvelle géopolitique du Sahel…
“Je crois qu’on s’achemine inévitablement vers une nouvelle ère… L’engagement des forces tchadiennes constitue une garantie de sécurité pour certains pays. Je pense surtout au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Il y aura certainement une redistribution des cartes sur le plan géopolitique“, met-il en garde contre “un abandon des points stratégiques et essentiels sur lesquels on avait besoin de la présidence du Tchad et de son leadership sur le plan militaire. Je crois que c’est un moment crucial où les cartes se redessinent et où on va (…) vers une nouvelle géopolitique du Sahel“.
Aussi, a-t-il tenu à rappeler que sur le plan militaire également, le Tchad préside le G5 Sahel, une organisation de coopération sécuritaire dont sont membres quatre autres Etats sahéliens (Mauritanie, Mali, Burkina Faso et Niger).
Avec Senego