Le premier procès contre l’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, renversée par un coup d’État militaire et inculpée à de multiples reprises par la junte, doit s’ouvrir ce lundi 14 juin. Deux des sept chefs d’inculpation qui pèsent sur l’opposante sont examinés ce lundi.
Ce lundi, l’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi est, en principe, jugée pour importation illégale de talkies-walkies, non-respect des restrictions liées au coronavirus durant la campagne électorale et violation d’une loi sur les télécommunications. « Le tribunal va entendre les témoins de l’accusation. Aung San Suu Kyi ne s’exprimera pas aujourd’hui », a précisé à l’AFP l’un de ses avocats, Khin Maung Zaw. Ce sont les chefs d’accusation les moins graves qui sont examinés ce 14 juin.
Dans une deuxième procédure, elle comparaîtra à partir de mardi 15 juin pour sédition aux côtés de l’ex-président de la République Win Myint. Et la semaine prochaine, ce sont les charges de corruption qui seront examinées. L’ancienne cheffe de facto du gouvernement civil est notamment accusée d’avoir perçu « 600 000 dollars et plusieurs kilos d’or » de pots-de-vin. Des accusations qualifiées d’absurdes par son avocat, qui souligne qu’« on peut reprocher beaucoup de choses à Aung San Suu Kyi, mais l’appât du gain ne fait pas partie de ses traits de personnalité », explique la correspondante de RFI dans la région, Carol Isoux. Elle est aussi poursuivie pour l’utilisation abusive de terres pour la fondation caritative Daw Khin Kyi, qu’elle présidait.
Un tribunal, étroitement gardé, a été spécialement mis en place à cet effet dans la capitale Naypyidaw, construite au cœur de la jungle dans les années 1990 par l’ancien régime militaire. L’ex-dirigeante n’a été autorisée à rencontrer que deux fois l’équipe juridique chargée de la défendre et chaque réunion n’a pas pu dépasser une trentaine de minutes. L’avocat d’Aung San Suu Kyi a souligné qu’elle était un peu désorientée à la suite de son transfert dans un lieu tenu secret depuis le 24 mai dernier, et qu’elle avait récemment demandé de l’aide pour obtenir des produits de première nécessité comme du riz ou de l’huile. Il a également ajouté que Aung San Suu Kyi n’avait que partiellement conscience de la violence qui agite aujourd’hui son pays.
Interpellée au matin du 1er février et assignée depuis à résidence, la lauréate du prix Nobel de la paix 1991 fait face à des poursuites judiciaires hétéroclites, « montées de toutes pièces », selon ses partisans. « On se prépare au pire », a commenté son avocat qui dénonce des accusations « absurdes » ayant pour but de « la tenir à l’écart de la scène (politique) du pays et de salir son image ».
rfi