Juin 2011-Juin 2021 : Le M2D nait des entrailles du M23, erreur de casting ?
Une nouvelle organisation dénommée Mouvement du 23 juin était née il y a dix ans à Dakar. Elle était inspirée par le retrait d’un projet de loi sur la vice-présidence à la suite de manifestations hostiles. Cependant, un autre mouvement « concurrent » pointe le bout du nez et veut s’approprier de cette date historique du 23 juin.
A l’époque, tous les partis de la coalition d’opposition Benno Siggil Sénégal étaient membres du Mouvement du 23 juin. Allusion aux évènements qui avaient abouti au retrait par le gouvernement d’un projet de loi instaurant la vice-présidence de la République.
Des organisations de la société civile étaient également parmi les membres du mouvement. L’objectif déclaré était le départ du président Abdoulaye Wade avec comme mot d’ordre « Wade dégage ».
A ce propos le mouvement demandait au chef de l’Etat sénégalais de s’engager par écrit à ne pas être candidat à la présidentielle de 2012, parce qu’il avait déjà effectué deux mandats. Le conseil constitutionnel était mis en garde contre toute validation de cette candidature.
Le porte-parole du président sénégalais avait, pour sa part, répondu que l’opposition était bien dans son rôle mais ce n’était pas à elle de dire si Abdoulaye Wade devait être candidat ou pas.
Le Mouvement du 23 juin exigeait également que l’organisation des élections fusse désormais confiée à un organisme neutre, et que les ministères de l’Intérieur et de la Justice ne devaient plus confiés à des personnes ayant une appartenance partisane.
« Touche pas à ma constitution », c’était l’un des slogans du Mouvement du 23-Juin. Après des manifestations monstre et face à la révolte populaire, Abdoulaye Wade renonçait in extremis à son projet de réforme constitutionnelle. En mars 2012, Macky Sall remportait la présidentielle.
Dix ans après, il y a une bataille d’héritage. Une manifestation sera organisée par des acteurs de l’époque place de la Nation. Dans le même temps, une autre mobilisation est prévue à l’appel du M2D, le Mouvement de Défense de la Démocratie créé en mars, coalition qui soutient l’opposant Ousmane Sonko, inculpé dans une affaire de viol présumé.
À la pointe de la contestation en 2011, Me El Hadj Diouf, leader du parti des travailleurs accuse aujourd’hui Ousmane Sonko de vouloir « accaparer » le mouvement du 23-Juin. De son côté, l’organisation Y’en a Marre, également au cœur de la contestation contre Abdoulaye Wade, a rejeté l’invitation de « ce qui reste du M23, contrôlé par ceux qui ont dévoyé l’esprit du 23 juin ».
Alors que le président Macky Sall entretient le flou sur ses ambitions pour la présidentielle de 2024, Y’en a Marre, membre du M2D, reprendra ce mercredi l’un des mots d’ordre d’il y a 10 ans : « non à une 3e candidature ». Des célébrations en ordre dispersé sont prévues à Dakar ce mercredi 23 juin.
leral