Quatre jours après l’effondrement d’un immeuble de douze étages, jeudi 24 juin, le bilan n’a presque pas bougé : neuf morts et toujours plus de 150 personnes manquant à l’appel. Et si officiellement les recherches se poursuivent pour trouver des disparus, l’espoir faiblit d’heure en heure. Le début d’un impossible deuil pour les familles et pour la ville de Surfside.
Avec notre envoyé spécial à Surfside, Loïg Loury
Le bruit des disqueuses, une gigantesque grue en action sous un soleil de plomb… Quatre jours après la catastrophe, les secours s’activent comme au premier pour trouver des survivants. « Nous allons tirer des gens sains et saufs de ces décombres. C’est ce qu’on va faire aujourd’hui, demain, le jour suivant, et encore après. Et je m’attends à des miracles ! », a promis Charles Burkett, le maire de Surfside.
Mais le miracle se fait attendre et l’espoir s’amenuise, même si certains s’y accrochent. Kim, une habitante de Surfside, le comprend parfaitement : « Les gens s’accrochent à cet espoir, parce qu’ils sont tellement désemparés face une mort si immédiate. Vous voyez une personne le lundi et le lendemain, elle n’est plus là, c’est très dur à encaisser. »
Un processus propre à chacun dans lequel les proches de disparus sont accompagnés. Le rabbin Noah Weinstein est venu à Surfside pour aider l’importante communauté juive qui s’y trouve : « Certains sont sereins à l’idée de voir les décombres et ils tirent leurs conclusions, peu importe lesquelles. Mais d’autres ne peuvent accepter ce qui se passe. Qu’est-ce qu’on fait avec eux ? Il faut se montrer bon et gentil. »
Et espérer ce miracle pour les 152 disparus et leurs proches de nouveau autorisés à venir fleurir le mémorial improvisé près du site.
« On a l’impression vraiment que c’est un terrain de guerre »
Les opérations de sauvetage sont lentes, rendues difficiles par des incendies qui se sont déclarés sous les décombres. Des sauveteurs mexicains et israéliens sont arrivés en renfort. Olivia Binn Ostrow s’est portée volontaire. Cette Française, patronne du bistro français O’Gourmet, a distribué de la nourriture aux secouristes. « C’est une zone de guerre, il y a de la fumée qui sort d’absolument partout. Ce n’est pas possible de respirer là-bas, raconte-t-elle au micro d’Heike Schmidt. Il y a des feux qui sont en train d’être éteints et on est quand même quatre jours après ! Il y a des balcons qui sont à moitié écrasés, je ne sais pas comment expliquer, mais on a l’impression vraiment que c’est un terrain de guerre. »
Mais cette résidente de Surfside, installée depuis vingt ans en Floride, ne comprend pas pourquoi l’État fédéral n’envoie pas des renforts et que le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, n’a pas déclaré l’état d’urgence immédiatement. Elle pointe aussi du doigt le mauvais état de l’immeuble. « Je pense que ça a pris quand même deux jours à DeSantis de proclamer un état d’urgence pour l’État de la Floride, c’est déjà trop long ! Je vous dis franchement : je me réveille tous les matins, et je ne suis pas la seule, je pense que tout le monde prie et on se couche avec le sentiment qu’il y a presque 160 personnes qui sont à portée de main et qui sont mortes. Et si elles ne sont pas avec nous aujourd’hui, est-ce qu’elles auraient pu être sauvées ? Je ne sais pas, mais c’est très long. Tous ces gens qui attendent d’avoir des nouvelles de leurs enfants, de leurs grands-parents… »