Quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre ! De la même manière, on peut dire que lorsque deux milliardaires s’affrontent devant la justice dans de petits pays pauvres comme les nôtres, c’est le fléau de la balance de la Justice qui risque de s’affoler ! Pour dire le moins… Exclusif Le Témoin.
Une chose est sûre : entre le milliardaire Moustapha Niasse, qui n’est autre que le président de l’Assemblée nationale, et le Crésus Baba Diao, magnat du pétrole, du gaz, de l’agro-élevage et de la banque, ça risque de saigner. Certes, cela fait des décennies qu’entre les deux prévalait déjà une situation de guerre froide ou de paix armée, c’est selon, mais là les hostilités ont tout simplement repris.
A l’initiative de Moustapha Niasse qui vient de porter plainte contre son ancien ami et associé en affaires pour les délits de faux, usage de faux et association de malfaiteurs. Rien de moins. L’association de malfaiteurs supposant au moins deux personnes, celle qui est poursuivie en même temps que le patron de la société ITOC n’est autre que la notaire Me Nafissatou Diop Cissé. Les deux sont accusés par le président de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) d’avoir réussi par des manœuvres à mettre la main sur un immeuble lui appartenant moyennant une somme ridicule représentant à peine le cinquième de la valeur du bien !
D’après les termes de la plainte obtenue par « Le Témoin », Moustapha Niasse est propriétaire d’un terrain de 2500 mètres carrés portant sur le TF N° 19771/NGA et situé à Dakar-Yoff. Ce bien immobilier avait été obtenu dans le cadre d’une coacquisition avec Abdoulaye Diao qui devait acheter auprès d’une société privée un terrain d’une superficie globale de 6543 mètres carrés faisant l’objet du TF 7494/Grand Dakar.
La clé de répartition du terrain devait être la suivante : 2501 M2 pour Niasse et 4042 m2 pour Abdoulaye Diao. A la suite de cette répartition, Niasse est devenu propriétaire de la parcelle de terrain objet du TF 19771/NGA.
Quelle ne fut donc sa surprise lorsqu’un jour pas très lointain, après avoir effectué une réquisition au niveau du Cadastre, il a appris que ce terrain « aurait » été vendu à son ancien associé Abdoulaye Diao au prix de 400 millions de francs payés par chèque tiré de la banque Outarde dont le propriétaire n’est autre que… Abdoulaye Diao !
Bien évidemment, le sang de Niasse n’a fait qu’un tour d’autant plus que, soutiennent ses proches, ce coût d’acquisition suppose que le terrain a été acheté à 159.000 francs le mètre carré alors que, dans la zone, les prix vont de 850.000 à 1.000.000 de francs le mètre carré.
Autrement dit, le bien aurait été acheté par Abdoulaye Diao au cinquième de sa valeur réelle. Il s’y ajoute que, selon le président de l’Assemblée nationale, il y aurait eu des manœuvres pour la réalisation de cette vente qui, du fait de son caractère dolosif, n’aurait jamais dû être validée par la Conservation foncière de Ngor-Almadies. Laquelle aurait dû rejeter purement et simplement le dossier.
Plus grave selon Niasse : Ni Baba Diao, ni Me Nafissatou Diop Cissé par devant qui la transaction a été faite, ne l’ont jamais contacté ou approché. Par conséquent, soutient-il mordicus, la signature qui figure sur l’acte de vente n’est pas la sienne et serait donc imitée.
« Un faux par substitution ou imitation » donc. Mieux, Moustapha Niasse estime que ce qu’ont fait Abdoulaye Diao et Me Nafissatou Diop Cissé peut être assimilable à une « altération d’écritures et de signatures ». Le président de l’Assemblée nationale considère que les faits sont d’autant plus graves — il a utilisé le terme « troublants » — « qu’il s’agit en l’espèce d’une transaction faite à l’encontre des intérêts de l’Etat, le service des Impôts et Domaines n’ayant pas été en mesure de prélever les impôts sur la réelle plus-value du bien litigieux».
Ce sont tous ces faits qui ont poussé Moustapha Niasse à porter plainte contre son ancien partenaire et ami Baba Diao et contre la notaire Me Nafissatou Diop Cissé devant la Brigade de recherches de la gendarmerie nationale qui aurait déjà procédé à des auditions avant de transmettre le dossier au procureur de la République. Qui, depuis lors, n’a pas bougé.
Serigne Bassirou Guèye a sans doute fort à faire à multiplier les procédures contre les opposants et activistes de tout poil pour avoir le temps de traiter cette procédure qui s’apparente visiblement à une patate chaude pour lui ! De là à ce que le fléau de la balance de Thémis soit détraqué effectivement…
Le Témoin