Les organisations paysannes que sont l’ONG Fahamu Africa, Nous sommes la solution, l’Association sénégalaise des producteurs de semences paysannes et RENOLSE, ont organisé, mercredi 30 juin 2021, un atelier de partage sur l’importance des semences dites paysannes, la promotion de l’agro écologie et la déclaration des Nations unies sur le droit des paysans, entre autres.
L’objectif est de disposer d’un cadre juridique et institutionnel pour la production de semences paysannes plus adaptées aux aléas des climats et sans constituants chimiques, selon eux.
Cet atelier a servi de tribune aux différentes organisations paysannes, afin de porter le plaidoyer pour la mise en place d’un cadre juridique en faveur des semences paysannes qui sont des variétés n’ayant subi aucune transformation chimique, selon Mme Mariama Sonko, la présidente du Mouvement Panafricain «Nous sommes la solution». Elle dénonce des lobbyings qui promeuvent des variétés hybrides à tous points de vue nuisibles.
«La semence, c’est la vie. Et pour avoir une bonne vie, il fut voir une bonne semence. Les semences paysannes présentent beaucoup d’avantages car elles sont résistantes aux aléas climatiques, s’adaptent à n’importe quel sol, aux attaques de prédateurs et elles sont également nutritives. Les firmes qui font de l’accaparement, ne sont mues que par le profit et la question de santé est reléguée au dernier plan. Nous nous trouvons que c’est une autre forme de colonisation et sommes prêts à nous opposer à cela», martèle-t-elle avec force.
La sacralité des semences locales en est un enjeu de taille, selon Mariama Sonko. «Pour nous, la semence est loin d’être un simple aliment mais c’est une identité culturelle en Afrique. Elle est culturelle et cultuelle. Nous sommes venus à Sédhiou pour partager avec nos membres, sur ce que regorgent nos semences paysannes, le rôle et la place de la femme et les droits des producteurs appelé TIRPAA (Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture)».
Absence de cadre juridique et institutionnel
Papa Meïssa Dieng, professeur de droit international public et de droit de l’environnement, par ailleurs secrétaire général de la Convergence des écologistes du Sénégal, l’un des facilitateurs de cet atelier, explique que le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (TIRPAA) peine à fonctionner au Sénégal. «C’est surtout de faire comprendre aux paysans que leur droit sur les semences existe. Il est vrai que le Sénégal a ratifié le TIRPAA mais peine à mettre en place un cadre juridique et institutionnel, avec des multinationales qui sont derrière. Donc, il s’agit de se mobiliser et réclamer ce qui revient de droit aux producteurs», a indiqué le professeur de droit, Papa Meïssa Dieng.
Pour Lamine Biaye, le président de l’Association sénégalaise des producteurs de semences paysannes, tout est fait pour les décourager. «Pour nous, un producteur qui n’a pas de semence en cette période d’hivernage, n’est pas un paysan. Ces lobbyings ont fait exprès, en créant des magasins pour récupérer le patrimoine des paysans. Les semences hybrides qu’ils nous proposent, sont de très mauvaise qualité».
Revenant à la charge, Mme Mariama Sonko, la présidente du Mouvement Panafricain «Nous sommes la solution», est d’avis que l’Etat du Sénégal a les mains liés. «Nous sommes conscients que nos dirigeants sont pris en otage, malgré leur bonne volonté. Et c’est nous qui devons les aider à se tirer de cette tyrannie», concède-t-elle. Le défi est grand et l’enjeu de taille. La solution réside dans la synergie, alors que les différents mouvements paysans ne parlent pas toujours le même langage.
Sud Quotidien