Alors que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, vient d’autoriser le pétrolier français Total à importer de l’huile de palme pour faire fonctionner sa raffinerie de La Mède, dans le sud de la France, l’ONG Greenpeace publie le résultat d’une enquête qui montre le premier négociant mondial d’huile de palme pris la main dans le sac de la déforestation.
Wilmar international limited, entreprise indonésienne et premier négociant mondial d’huile de palme, publiait en 2013 son engagement pour une politique zéro déforestation, applicable à ses propres plantations ainsi qu’à ses fournisseurs. Mais l’enquête de Greenpeace prouve que Wilmar est en fait l’alibi éthique de Gama, une 2ème entreprise productrice d’huile de palme, créée en 2001 par l’un des fondateurs de Wilmar.
En effet, les photos satellites et les relevés cartographiques analysés par Greenpeace montrent que Gama a détruit 21.500 hectares de forêts tropicales et de tourbières depuis l’engagement de 2013. L’analyse des données par Greenpeace démontre que le groupe Wilmar continue d’acheter l’huile de palme à l’entreprise Gama, alors qu’il sait que Gama viole sa politique « zéro déforestation ».
Contacté par Greenpeace, le groupe Wilmar nie avoir une influence quelconque sur Gama, mais reconnait néanmoins que Gama est dirigée par des cadres de Wilmar et les membres de leurs familles.
Le débat sur la certification de nouveau posé
Cette enquête de Greenpeace est une pièce de plus apportée au débat sur les certifications. Depuis 2004, certains acteurs du secteur, surtout européens, ont forgé ensemble une certification dite «responsable», garantissant que la culture du palmier à huile ne se fait pas au détriment de la forêt primaire et des droits fondamentaux des populations locales. L’organisme de certification RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), est néanmoins régulièrement mis en cause par des ONG selon lesquelles il n’aurait pas d’effet sur la déforestation en Malaisie et Indonésie ou sur l’île de Bornéo, gros producteurs d’huile de palme. Un point de vue partagé par Greenpeace.
Producteurs, consommateurs, négociants, industriels de l’agroalimentaire et ONG se réunissent ce mardi à Paris pour tenter de déterminer des standards de production admis par tous.