Après la convocation de ceux qui étaient chargés de la sécurité du président, c’est au tour d’un certain nombre d’hommes d’affaires et de politiques d’être entendus. De quoi susciter la colère des partisans de l’opposant Youri Latortue aux Gonaïves, alors qu’un consensus entre les partis politiques est nécessaire pour sortir de la crise.
La ville des Gonaïves s’est réveillée sous tension, lundi 12 juillet. Un peu partout, on entendait des tirs nourris et des barricades enflammées ont été érigées à l’entrée de plusieurs bâtiments publics, notamment la mairie ou le parquet des Gonaïves. Une situation qui a contraint les petits commerçants à rentrer chez eux, les banques commerciales et les magasins à garder leurs portes fermées.
Le groupe armé du quartier populaire de Raboteau, quartier réputé proche de l’opposition, a tiré en direction du commissariat. À bord d’un véhicule blindé, la police nationale a riposté et a contraint ces hommes à rester dans leur camp. Affolés par ces tirs d’armes automatiques, certains habitants de Raboteau ont quitté les lieux.
Depuis l’assassinat du président Moïse, le 7 juillet dernier à son domicile, c’est la première fois que la ville est complètement paralysée. Quand Raboteau se soulève, c’est toute la ville qui en souffre, car le marché communal où les gens s’approvisionnent en produits alimentaires notamment se trouve dans ce quartier, les étals des petits marchands sont donc utilisés comme barricades pour empêcher les forces de l’ordre d’y avoir accès.
Un consensus politique nécessaire
Une délégation de représentants de l’administration américaine est arrivée dimanche en Haïti pour répondre à la demande d’assistance des autorités haïtiennes après l’assassinat du président Jovenel Moïse. Cette délégation s’est entretenue avec les principaux acteurs de la scène politique, dont le Premier ministre Claude Joseph.
Désormais, trois politiciens se prétendent légitimes pour assurer le pouvoir par intérim. Devant ce flou constitutionnel, un consensus entre les partis politiques est nécessaire pour sortir de la crise et assurer une transition, d’après Gédéon Jean, directeur exécutif du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme en Haïti. « Il faut un consensus, parce qu’on ne peut pas avoir une solution institutionnelle. Pour ce faire, il faut poursuivre la discussion et travailler sur un agenda commun qui tient compte de la dimension de la crise. Là, nous faisons appel aux partis politiques, à la sagesse, au dépassement de soi et aux compromis afin de sortir le pays de cette situation exceptionnelle. »
Aujourd’hui, il y a une double préoccupation, estime Gédéon Jean : « Il faut absolument combler le vide laissé par l’assassinat du président Moïse le plus rapidement possible, mais aussi réunir les conditions nécessaires pour qu’il y ait de bonnes élections qui permettraient à la population de choisir ses représentants conformément aux institutions internationales, aux droits de l’homme et à la Constitution haïtienne. »
rfi