Hamid Noury, un ancien responsable iranien, va être jugé à partir de ce mardi pour son rôle présumé dans les exécutions d’opposants ordonnées par l’ayatollah Khomeini durant l’été 88. En quelques semaines, des milliers de jeunes, notamment, avaient été tués, et Hamid Noury était alors en charge de cette épuration dans l’une des principales prisons de Téhéran. Mais s’il est jugé en Suède, c’est parce qu’un groupe de victimes, résidant dans ce pays, a réussi à le piéger.
L’arrestation de Hamid Noury est un véritable thriller. Ses victimes iraniennes n’ont reculé devant rien pour l’attirer en Suède. Le groupe est mené par un réfugié qui a consacré sa vie à documenter les massacres des années 80, et par un jeune Suédois d’origine iranienne qui n’est autre que l’ex-gendre de Hamid Noury. Ils veulent tous les deux le voir payer pour ses crimes présumés, alors ils vont tout faire pour qu’il vienne en Suède, où la justice est prête à agir. Ils vont jusqu’à l’inviter, tous frais payés, à découvrir le royaume nordique. Hamid Noury mord à l’hameçon, et la justice suédoise n’a plus qu’à le cueillir quand il arrive à Stockholm en novembre 2019.
Il a fallu près de deux ans d’instruction, pendant lesquelles la justice suédoise a retrouvé une trentaine de victimes potentielles et de témoins. Pour ces parties civiles, ce procès est un moment important car ces massacres de l’été 88 sont restés impunis, les responsables évitant de sortir d’Iran. Si Hamid Noury n’est pas celui qui les a ordonnés, il en a été un des rouages principaux en tant qu’assistant au procureur à̀ la prison de Gohardasht. C’est en tout cas ce qu’assure la procureure suédoise Kristina Lindhoff Carleson.
Verdict attendu en avril 2022
« Comme preuve nous avons les témoignages des victimes et des témoins qui était à la prison de Gohardasht, qui est notre scène de crime. Nous avons aussi les plaignants qui avaient des proches dans cette prison, et qui ont été exécutés à cette époque », explique-t-elle. Hamid Noury, lui de son côté, nie tout en bloc.
Cette affaire, en tout cas, ne va pas contribuer à améliorer les relations entre l’Iran et la Suède, d’autant plus qu’elle pourrait mettre en cause l’actuel régime iranien car Ebrahim Raïssi, le nouveau président de la République islamique, est aussi accusé par Amnesty International d’avoir participé à ces massacres. Le verdict du procès Noury, lui, est attendu en avril 2022.