Ousmane Chimère Diouf a été élu samedi président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums). Il remplace à ce poste Souleymane Téliko. Une élection sans surprise puisque le profil de l’actuel président de la deuxième Chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Dakar faisait l’unanimité. Le Témoin
Le fait d’être porté à la tête de l’Ums constitue un véritable challenge. Comme quoi, il doit réussir là ou son prédécesseur aurait échoué c’est-à-dire se rapprocher davantage de l’Exécutif en vue de le faire pousser dans le sens d’accepter les réformes destinées à renforcer l’indépendance de la Justice
L’Indépendance et l’impartialité constituent les deux principes fondamentaux de tout système judiciaire. Ils garantissent aux justiciables que l’acte de juger sera seulement déterminé par les arguments du débat judiciaire, en dehors de toute pression ou de tout préjugé. Toujours est-il que « Chimére », comme l’appellent affectueusement ses collègues et amis, est un homme convivial, ouvert et humain. Un homme doublé d’un juge voire d’un magistrat intègre, rigoureux, effacé, discret, brillant et attentif. Bref, le tout nouveau président de l’Ums est un vrai juge des faits. Ou alors un brillant juge de fond !
En tout cas, il toujours incarné cette indépendance partout où il est passé. Et dans toutes grosses affaires qui ont eu à faire l’actualité judiciaire ou politico-judiciaire. La preuve par l’affaire Aida Ndiongue ! Malgré les pressions de tous azimuts, le juge Ousmane Chimère Diouf avait pris son courage, son professionnalisme et son indépendance en deux mains pour faire appliquer la loi et rendre justice. Verdict : Il a ordonné la restitution des biens de l’ex : sénatrice Aida Ndiongue c’est-à-dire confirmer la première décision rendue par ses collègues.
Jugeant les faits, le président Ousmane Chimère Diouf avait condamné Mme Aida Ndiongue à un an avec sursis et une amende de 2 millions fcfa dans le procès l’opposant à l’Etat du Sénégal.
L’ancien président du tribunal régional de Tambacounda, Saint-Louis et Thiès, Ousmane Chimène Diouf s’était aussi distingué dans l’affaire de l’assassinat du policier Fodé Ndiaye.
Le guillotineur des assassins !
Face aux pressions de la rue et aux lobbies politiques, le juge Chimère Diouf présidant la Cour d’Assises avait déclaré coupables les jeunes de Colobane avant de les condamner à 20 ans de travaux pour assassinat et complicité d’assassinat.
A la fin de cette première session de la Cour d’assises de Dakar en 2015, le président Chimére Diouf s’était confié en exclusivité au « Témoin » quotidien
« D’abord, permettez-moi de rendre grâce au Bon DIEU de nous avoir donné les capacités physiques et intellectuelles de juger nos semblables. Ce qui n’était pas évidement compte tenu du nombre important des affaires et de la longue durée des audiences. Car 27 affaires ont été inscrites au rôle de cette première session des assises de Dakar et ont été toutes retenues et jugées. Sur les 42 accusés, 10 ont retrouvé la liberté. Et comme vous avez pu le constater, les affaires de stupéfiants voire les trafics de drogue ont largement dominé les assises.
Même si ces affaires de drogue ont « alourdi » la session, cela montre toute la volonté des pouvoirs politiques et judiciaires dans la lutte contre le trafic des stupéfiants. Et de manière rigoureuse ! » avait déclaré le juge qui vient d’être élu à la tête de l’Ums.
A Dakar, Thiés comme à Saint-Louis, le juge Ousmane Chimène Diouf faisait toujours appliquer durement la loi sur certains responsables libéraux qui agressaient violement leurs adversaires politiques alors que ces libéraux s’autoproclamaient intouchables sous l’ancien régime de Me Abdoulaye Wade.
L’affaire de feu Thione Ballago Seck fait partie aussi de grands dossiers d’Ousmane Chimére Diouf. En son intime conviction, le président de la chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Dakar, avait estimé estime que si l’opération avait abouti, Ablaye Djitèye aurait fabriqué les faux billets en quantité industrielle, et Thione Seck (paix en âme) les aurait écoulés sur le marché. Basant sur des faits, le président Ousmane Chimére Diouf était convaincu que Thione Seck serait quelque part victime d’une bande de faussaires dont il était…l’otage. Ce qui justifiait sa décision de condamner Thione Seck.
Pour user de son indépendance, le juge Chimère Diouf faisait fi de toute influence politique. Les anciens ministres de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, Madické Niang et Mme Aminata Touré en savaient quelque chose.
Dans son sillon, le président Chimére Diouf a toujours laissé des traces visant à faire comprendre que toutes ses décisions sont basées sur des faits. Et rien que des faits ! Donc c’est ce haut magistrat qui vient d’être élu président de l’Ums.
Le Témoin