A la Une: la visite d’Etat à Washington de «Macron l’Américain»

Le président français sera reçu par Donald Trump pendant trois jours, l’occasion pour les deux chefs d’Etat de célébrer « leur relation spéciale », titre Le Figaro. « Un traitement de marque qu’aucun dirigeant étranger n’a encore reçu », souligne le quotidien, qui explique que « Donald Trump suit de si près les réformes en France qu’il lui arrive d’annoter des articles de journaux américains et de les envoyer à l’Elysée », même si « pour l’instant, note le journal,l’alliance franco-américaine n’a pas donné grand-chose » à part les frappes communes en Syrie.

Car si les deux dirigeants affichent une relation cordiale, ce sont « des amis sans affinités », selon Le Monde. « Tout les éloigne dans leurs convictions et leurs parcours », rappelle le journal du soir, « d’un côté le tonitruant magnat de l’immobilier, démagogue assumé chantre de l’America First (…) et de l’autre le brillant énarque représentant de ces élites haïes des populistes. » Mais « les deux animaux politiques se sont flairés et reconnus » dès leur première rencontre, explique Le Monde.

« Le président français était déjà le gars le plus populaire de la classe, le voilà pote du caïd du lycée. Forcément, on le regarde différemment », s’amusent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, pour qui « Emmanuel Macron a toutefois l’intelligence de nourrir un discours critique qui lui évite de passer pour le Tony Blair de son époque ».

L’Union note de son côté que Donald Trump « aime bien ce petit Frenchie qui ne passe pas par quelqu’un d’autre pour dire les choses », mais La Montagne estime que si « certains voient Macron comme le seul capable de modérer le tempérament volcanique du milliardaire (…) il se pourrait aussi que Trump n’ait d’yeux que pour son électorat et sa réélection. »

Des doutes qui font écho à ceux du Monde : « Combien de temps peut encore durer cette bromance paradoxale où le succès de l’un signifierait la défaite de l’autre ? » tant leurs priorités sont opposées, qu’il s’agisse du climat ou de l’accord sur le nucléaire iranien. Bref, beaucoup d’interrogations lors de cette rencontre à Washington des deux présidents « amis-amis ».

L’une des solutions, ce serait de trouver des causes communes, et La Croix se penche sur l’une d’elles

Et il s’agit de la Chine, cible du mécontentement de Washington en raison de ses « pratiques commerciales déloyales », ce sont les mots du secrétaire américain au Trésor la semaine passée lors du sommet G20/FMI dans la capitale des Etats-Unis.

La Croix donne la parole à l’économiste Sébastien Jean pour qui un front américano-européen peut émerger sur ce dossier. Pour lui, « l’enjeu pour les Européens comme pour les Américains est de ne pas être une variable d’ajustement de la politique industrielle chinoise », citant l’exemple des panneaux photovoltaïques, secteur où Pékin a réussi à briser toute concurrence. Une position susceptible de séduire Donald Trump que l’on sait très attaché à la protection du secteur industriel américain.

De son côté, Libération consacre une édition spéciale sur le « cauchemar américain ».

20 pages consacrées à l’Amérique de Donald Trump, gangrenée par des problèmes environnementaux et sanitaires, et par des inégalités qui grandissent chaque jour. Le quotidien s’intéresse notamment au taux de mortalité anormalement élevé des Africaines-Américaines lors d’accouchements, il est à New York 12 fois supérieur à celui des femmes blanches. A lire également des reportages sur le système carcéral, sur les inégalités d’accès à l’éducation, ou encore sur le système électoral et ses paradoxes, alors que le parti républicain est accusé de préparer un redécoupage inédit des circonscriptions pour limiter la casse lors des élections de mi-mandat à la fin de l’année.

C’est un texte de loi qui continue de crisper en France au lendemain de son adoption par l’Assemblée nationale

La loi asile et immigration ne fait guère l’unanimité si ce n’est dans son rejet par l’opposition… pour des raisons toutefois bien différentes. Quoiqu’il en soit, selon Le Midi libre, cette « première vraie joute politique » a permis à la gauche comme à la droite de trouver « les cailloux qu’elles cherchent à mettre dans les chaussures des marcheurs depuis un an ».

Si le texte a en effet été voté avec très peu de modifications, le parti présidentiel n’en est pas sorti indemne : « La loi asile et immigration a éprouvé la majorité », titre ainsi La Croix, qui cite des députés La République en marche regrettant « une ambiance tendue et un dialogue compliqué voire dur avec le gouvernement » bien décidé à ne rien céder même à ses députés. Résultat, des points clivants du texte comme l’augmentation de la durée de rétention des exilés sans papier et la possibilité d’emprisonner des enfants, sont passés.

Pour Le Figaro, « l’exécutif ne voulait pas laisser une fronde s’installer à l’Assemblée », alors que la stratégie est d’enchaîner les réformes pour empêcher les oppositions de se fixer sur un thème. Quitte à faire des exemples : le seul député de la majorité à avoir voté contre le texte, Jean-Michel Clément, a été poussé vers la sortie.

Reste que « la désidéologisation systématique engagée par le chef de l’Etat ne fonctionne pas pour tout », relèvent Les Echos et certains sujets résistent à « l’effacement des clivages ». Preuve en est ces débats interminables à l’Assemblée, poursuit La Croix, du jamais-vu depuis « la loi Macron de 2014 et surtout les discussions sur le mariage pour tous en 2013 ».

Et c’était il y a cinq ans aujourd’hui, l’Assemblée nationale adoptait cette loi ouvrant la voie au mariage pour les couples homosexuels

Et Libération y consacre un éditorial quelque peu enflammé : « Oui la Manif pour tous avait raison sur tout. » La Manif pour tous, rappelez-vous c’était ce mouvement opposé à la loi et qui avait drainé des centaines de milliers de manifestants. Libération en réalité ne lui donne pas raison, mais explique que les craintes du mouvement sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes ou la gestation pour autrui seraient sans doute bientôt réalité en France. « Oui les participants aux défilés tout en rose ou en bleu pouvaient être en colère », poursuit le journal « même si c’était pour de mauvaises raisons, car en 2013, ce n’est pas toute la société qui s’écroulait, juste leur vieille conception du monde. »

La loi qui a eu des effets extrêmement positifs pour la communauté homosexuelle française, explique de son côté Le Monde. Dans les colonnes du journal, la sociologue Irène Théry juge que « le texte sur le mariage pour tous a été un facteur extrêmement puissant d’intégration », offrant une visibilité et une légitimité aux couples homosexuels. Cette spécialiste du droit de la famille explique que « la noce, la célébration » liée au mariage a « puissamment renforcé la portée symbolique de la loi » et que « beaucoup de personnes, y compris des opposants, ont connu des mariages de personnes du même sexe autour d’eux », atténuant ainsi les crispations et les préjugés.

 

rfi