Au lendemain d’une mutinerie militaire et à la veille de la manifestation d’opposition au régime de Nicolas Maduro, les journaux se préparent au meilleur, comme au pire. « Nous vivons un moment décisif en vue d’un changement politique », peut-on lire dans Tal Cual, journal proche de l’opposition. Grâce aux « cabildos abiertos », ces réunions citoyennes qui se sont multipliées ces dernières semaines, « le vide des discours politiques de l’opposition s’est rempli » écrit l’éditorialiste. « Une voie d’avenir en trois actes se dessine : la fin de l’usurpation du pouvoir, la mise en place d’un gouvernement de transition, et la tenue d’élections transparentes ».
Même sentiment d’enthousiasme contenu, dans les pages de La Patilla, journal en ligne indépendant, qui rappelle : « Il y a 61 ans, le 23 janvier, tombait l’une des dictatures les plus solides du continent, celle de Pérez Jimenez. Comment ? » S’interroge l’éditorialiste Oscar Arnal, « parce que toutes les forces vives, de droite comme de gauche, les syndicats, l’Église, l’armée, les partis et les universités avaient assumé ensemble le risque de ramer dans la même direction pour instaurer la démocratie ».
Mais attention, prévient l’un des éditorialistes du quotidien El Nacional : s’il considère que les comparatifs historiques n’ont pas de sens, il regarde tout de même avec inquiétude dans le rétroviseur, pour anticiper le pire scénario demain : « les assassinats de civils n’ont jamais honoré les militaires » écrit l’éditorialiste « mais il y a 16 ans encore, l’armée vénézuélienne se tenait du mauvais côté de la rue », rappelle-t-il.
Et du côté de la presse proche du pouvoir ?
Contrairement au foisonnement d’articles et de vidéos partout dans la presse d’opposition, Ultimas Noticias a très peu couvert l’insurrection militaire d’hier, reprenant dans ses titres les déclarations du président de l’Assemblée nationale : « Les assaillants ont commis un acte de trahison. Ils ont été neutralisés et capturés en un temps record ». Quid également de la manifestation d’opposition qui aura lieu demain. Le journal médiatise la contremarche, celle en soutien du régime : « une marche qui vise à défendre la souveraineté de la nation et la révolution bolivarienne ».
Au Mexique, le bilan de l’incendie de la fuite de pétrole monte à 91 morts
Tandis que la société pétrolière Pemex défend sa gestion de l’un des incidents les plus meurtriers de ces dernières années, La Razón titre sur un chiffre : 111. Cent onze municipalités à travers le pays où il y a un risque égal ou supérieur que se reproduise un accident comme celui de Tlahuelilpan. Selon le journal qui a croisé des données statistiques et interrogé plusieurs spécialistes, le centre du pays s’est transformé en « bombe à retardement » avec plus de 600 points de vente clandestins où est vendu du pétrole volé.
El Universal indique d’ailleurs qu’un trafiquant de pétrole a été condamné à 8 ans d’emprisonnement. Il a été arrêté alors qu’il transportait 17 000 litres d’essence dans un conteneur, caché au milieu de bouteilles en plastique. Le journal rappelle qu’en deux ans l’Etat mexicain a récupéré plus de cinq millions de litres de carburants volés et incarcéré près de 400 personnes liées à ces trafics.
Le quotidien Excelsior rapporte qu’une autre fuite de pétrole a été détectée à 20 minutes du lieu de l’incendie. Mais cette fois les habitants des communautés voisines ne se sont pas approchés, et la police fédérale, qui avait été critiquée ces derniers jours pour son inaction, a bouclé la zone pendant que le personnel de Pemex, l’entreprise pétrolière nationale, réparait le pipeline.
Aux États-Unis, 33e jour de shutdown
La paralysie des administrations fédérales ne touche pas seulement les fonctionnaires, mais aussi les Américains les plus pauvres. C’est à la Une du New York Times, qui s’est intéressé à la vie de ceux qui survivent grâce aux aides financières de l’état fédéral : l’aide au logement, l’aide aux personnes âgées, ou l’aide aux handicapés. Faute de personnel administratif, ces personnes fragiles se retrouvent dans des situations encore plus précaires. Tout comme les nombreuses associations caritatives qui n’ont pas reçu les subventions pour l’année 2019. Si le shutdown perdure, elles vont donc avoir de plus en plus de mal à aider les plus vulnérables, les sans-domicile fixe notamment.
Un autre article du quotidien new-yorkais raconte que des fonctionnaires de l’état fédéral, partout dans le pays, se mettent à chercher des petits boulots pour payer leurs dettes et leurs factures : chauffeur Uber, tuteur à la maison, baby-sitter, tout est bon pour gagner un semblant de salaire. Résultat : certains fonctionnaires font désormais le choix de se mettre en arrêt maladie pour travailler là où on veut bien les payer : USA Todayrapporte par exemple qu’environ 10% des agents de sécurité dans les aéroports manquaient à l’appel hier.
Un scoop du New York Times interroge à nouveau les liens entre l’administration Trump et la Russie
Selon des documents confidentiels que s’est procuré le journal, l’administration Trump aurait capitulé face à l’oligarque russe, Oleg Deripaska, un proche de Vladimir Poutine.
Parce que l’ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort (reconnu coupable de fraude fiscale dans le cadre de l’enquête sur l’ingérence russe pendant la présidentielle de 2016) était lourdement endetté auprès de Oleg Deripaska, plusieurs des entreprises de l’oligarque étaient donc aussi visées par des sanctions américaines. Jusqu’à ce que le Trésor américain annonce, le 19 décembre dernier la levée des sanctions contre trois de ses sociétés, sous prétexte que Mr Deripaska aurait réduit de manière importante ses parts de capital. Or, les documents détaillés qu’a pu consulter le New York Times révèlent que la levée des sanctions permettra à Mr Deripaska d’effacer des centaines de millions de dollars de dettes en transférant ses parts dans une banque contrôlée par le gouvernement russe.
Le journal se demande pourquoi l’administration Trump feint publiquement face au Congrès d’agir fermement avec Oleg Déripaska, si c’est pour faire des concessions en sous-main… Alors que l’enquête du procureur spécial Robert Muller est encore en cours, cette information alimente à nouveau les soupçons de collusion entre l’administration Trump et la Russie.
A Cuba, hausse des investissements français
Le vice-président du Conseil des ministres cubains était en visite à Paris hier, où il rencontrait le secrétaire d’État aux Affaires étrangères. L’occasion pour Granma, le journal officiel, de faire le point sur les relations commerciales franco-cubaines : la France a augmenté de 18% ces investissements à Cuba. Ricardo Cabrisas Ruiz (qui avait renégocié la dette cubaine avec le Club de Paris, rappelle le Periodico Cubano) a rencontré une cinquantaine d’hommes d’affaires français prêts à s’investir sur l’île.