A la Une : Macron, roi du G7 !

Bravo Macron ! Les applaudissements sont quasi-unanimes ce mardi matin dans la presse.

« Soyons beaux joueurs : le ‘Macron-show’ a payé, s’exclame Libération. On pouvait éprouver envers ce G7 le plus grand scepticisme. (…) Toujours est-il que l’activisme d’Emmanuel Macron, son omniprésence, son sens du théâtre, son verbe inépuisable ont changé la donne du sommet. Le président américain s’est changé en agneau à crinière de lion pour donner sa bénédiction aux efforts acharnés de son hôte. Du coup, pointe Libé, quatre dossiers ont progressé : la crise iranienne, l’Amazonie, la fiscalité internationale, les négociations sur le commerce. Tout cela est fragile, incertain, et le moindre accès de mauvaise humeur de l’un ou l’autre peut tout faire capoter. Mais la France sur la scène internationale a marqué un point. Tant mieux. »

« Le G7 de Biarritz aura été une réussite, lance La Voix du Nord. Peu y croyaient. Chacun se souvenait de l’échec patent de celui de l’an dernier, au Canada, du visage fermé de Donald Trump, du retrait de sa signature du communiqué final. L’arrivée au pouvoir de dirigeants nationalistes ou populistes faisait peser un doute sur l’utilité de poursuivre ces réunions informelles, type G7 ou G20, quand la légitimité des institutions internationales elles-mêmes est remise en cause par ces nouveaux gouvernants. Et puis on a vu, hier, Macron et Trump tenant une conférence de presse commune, tout sourire et s’envoyant des fleurs. On a vu des représentants des sept nations riches et démocratiques heureux de discuter ensemble. »

« En rebattant les cartes, Biarritz a ouvert une fenêtre d’espoir de résolution des crises envenimant la planète, insiste Le Républicain Lorrain. Macron n’y est pas pour rien. Iran, Chine, Amazonie, taxations des géants du numérique… Sur tous ces chapitres, le Français a infligé à son hôte américain une leçon de multilatéralisme, introduisant le happening dans l’arsenal diplomatique. Un pari gagnant-gagnant. Sous réserve d’une volte-face dont il a le secret, Trump peut commander quelques grands crus bordelais. »

Le retour de la diplomatie

« Pari gagnant », renchérit Le Figaro qui s’attarde sur le dossier iranien. « Le chef de l’État a su manœuvrer habilement pour faire de son pari risqué sur l’Iran un pari gagnant. Quelle que soit l’issue des négociations entre Téhéran et Washington, Macron a déjà atteint son objectif en s’imposant sur la scène internationale comme le principal acteur européen. (…) Trump acquiesçant à ses côtés, Emmanuel Macron, qui a joué gros en faisant venir à Biarritz le ministre iranien des Affaires étrangères, peut donc s’enorgueillir, pointe Le Figaro, d’avoir créé les conditions d’une rencontre entre les présidents américain et iranien, et donc d’un nouveau ‘deal’. Après le retrait américain de l’accord nucléaire, le rétablissement des sanctions et la dangereuse escalade qui s’ensuivit entre Washington et Téhéran, le changement de ton de Trump – toujours à la merci d’un mouvement d’humeur – ouvre la porte à un retour de la diplomatie. »

Un contre-G7 pacifique

Et puis « il y a un aspect de la réunion du G7 à Biarritz qui pourrait passer inaperçu mais qui ne doit pas être sous-estimé, relève La Croix, c’est le caractère pacifique des manifestations qui l’ont entouré. Sauf surprise de dernière minute, les cortèges des opposants n’auront donné lieu qu’à de rares incidents. Cela n’allait pas de soi. La France, au cours de ces derniers mois, rappelle La Croix, a semblé abonnée aux cortèges qui tournent mal, tant du fait de manifestants cherchant l’affrontement que de techniques erronées de maintien de l’ordre. On pouvait donc craindre de sérieuses difficultés au cours de ce G7. Cela n’a pas été le cas, se félicite le quotidien catholique. Deux explications principales viennent à l’esprit. D’une part, les autorités ont mis en place un dispositif de sécurité particulièrement puissant et donc dissuasif. Cependant, les responsables du maintien de l’ordre ont su aussi faire preuve de pragmatisme en laissant des actions se dérouler dans des zones en principe interdites à tout rassemblement. D’autre part, les organisateurs des manifestations anti-G7 ont été au bout de leur parti pris non-violent. Ils ont préféré renoncer à certains projets plutôt que d’aller à la confrontation. »

Grossier !

A la Une également, en marge de ce G7, les propos injurieux tenus par les responsables brésiliens à l’encontre d’Emmanuel Macron et de son épouse…

« Savez-vous ce qu’est un ‘calhorda’ (en portuguais) ?, s’exclame L’Est Républicain. Il s’agit d’une sorte de croisement entre un tricheur, un crétin et un connard. Il s’agit surtout du qualificatif dont Abraham Weintraub, le ministre de l’Education brésilien, a affublé Emmanuel Macron. Des propos pour le moins étonnants dans la bouche d’un élu que l’on imagine ayant la charge morale de la jeunesse. Et carrément détonants lorsqu’il s’agit de diplomatie internationale. Le verbe s’y veut d’habitude plus châtié. Dans ces attaques où les noms d’oiseaux ne volent pas haut, le président Jair Bolsonaro en a rajouté une couche en raillant la différence d’âge entre Brigitte Macron et son époux. Ainsi, va la république des populistes et des goujats. »

Alors, « la réaction du chef de l’Etat français ne s’est pas fait attendre, pointe le Journal de la Haute-Marne. Plutôt que de répondre sur le même ton, il l’a jouée beaucoup plus fine en prenant à témoin, et le peuple brésilien, et par la même occasion le reste de la planète. Il a, pour le coup, tenté d’isoler Bolsonaro en dénonçant par l’absurde la bassesse de ses propos. Il est évident, poursuit le quotidien champenois, qu’entre la réaction puérile de grossiers personnages, fussent-ils chef de l’Etat ou ministre et leur lourde responsabilité dans les incendies qui détruisent actuellement l’Amazonie, les dirigeants de la planète auront laissé de côté la stupidité d’un homme pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être en Amérique du Sud. La maison brûle… Bolsonaro préfère postillonner, non pour éteindre l’incendie, mais pour détourner l’attention. »

Arbres de vie

Enfin, justement, à propos de l’Amazonie, à lire ce très beau supplément de Libération consacré à la forêt…

« Déforestation, pollution, des millions d’hectares partis en fumée en Amazonie ou en Sibérie… Les mauvaises nouvelles s’égrènent mais citoyens et ONG se mobilisent pour les forêts », relève le journal, qui a donc décidé « de consacrer une édition complète au poumon vert de la planète. »

Un numéro spécial de 28 pages, « imprimées sur cinq tonnes de papier recyclé ou durable », qui nous emmène en Amazonie ou encore en Equateur mais aussi en Corse, dans la Nièvre, ou encore en Normandie, à la découverte du chêne d’Allouville, l’un des plus vieux arbres de France : haut de 18 mètres, d’une circonférence de 15 mètres et âgé d’environ 1.200 ans…

rfi