« Le cinquième sommet du G5 Sahel s’est tenu hier mardi à Ouagadougou, dans un contexte on ne peut plus préoccupant, s’inquiète L’Observateur Paalga. Il ne se passe plus 48 heures sans qu’on déplore des attaques terroristes contre les forces de défense et de sécurité ou de paisibles populations qui vaquaient à leurs occupations ; pas plus tard que la veille même du sommet, une attaque à Kain-Ouro dans le Yatenga a fait une quinzaine de morts, portant à quelque 300, le nombre de victimes paramilitaires, militaires et civiles tombées depuis quatre ans. C’est donc ce décor apocalyptique, poursuit L’Observateur Paalga, qui a servi de cadre à la rencontre entre Roch Marc Christian Kaboré du Burkina, Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, Mohamed Ould Abdel Aziz de Mauritanie, Mamadou Issoufou du Niger et Idriss Deby du Tchad. Cinq chefs suprêmes des armées sur le pied de guerre au moment où nos forces de défense et de sécurité sont incapables d’enrayer la spirale infernale tandis que la force conjointe du G5 Sahel, qui était censée mutualiser les efforts des cinq pays membres pour une réponse plus conséquente, peine véritablement à démarrer. Les sommets se succèdent ainsi, soupire encore le quotidien burkinabè, sans que le projet salvateur parvienne à s’extraire des salons feutrés pour enfin investir le terrain. »
Faire changer la peur de camp
Il faut que ça bouge, s’exclame Le Pays, toujours à Ouagadougou : « Le G5 Sahel, dont la présidence sera désormais assurée pour un an par Roch Marc Christian Kaboré, a l’obligation de faire changer la peur de camp. Et cela implique qu’il se tourne vers le cas spécifique du Burkina. Car sans l’implication effective du G5 Sahel en termes de partage de renseignements et de mutualisation de la logistique, la situation sécuritaire dans certains pays de cette structure, déjà préoccupante, risque de se muer en un chaos sécuritaire généralisé. Le Burkina est en train d’en réunir les ingrédients. Et ce ne sont pas les réunions au sommet dans les salons feutrés qui vont changer fondamentalement la donne. »
Une force opérationnelle à seulement 75%
Concrètement, précise Le Monde Afrique, « sur le terrain, les soldats manquent toujours d’équipements de protection et de véhicules blindés ».
Qui plus est, « « de fortes lacunes en matière de formation et de capacités, l’absence de bases opérationnelles sûres et fortifiées et le manque de fonds persistent et ralentissent le déploiement et l’équipement des contingents« , pointait le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, en novembre dernier. Selon nos informations, poursuit Le Monde Afrique, la force spéciale, qui doit atteindre à terme une capacité de 5 000 militaires, serait opérationnelle à 75%. Problème : avec des besoins estimés à 423 millions d’euros pour 2019, le G5 Sahel bute encore sur un manque de financements. Sur les 414 millions d’euros de contributions annoncées par la communauté internationale en février 2018, près de 160 millions n’ont toujours pas été versés. « Un nouveau dispositif permettant d’accélérer la mise à disposition des fonds est en place, le décaissement devrait se faire dans les semaines à venir« , assure un expert. « Nous attendons que les partenaires tiennent leurs promesses« , rappelle Gilbert Zongo, le coordonnateur national des actions du G5 Sahel au Burkina. »
Certains acteurs pas convaincus ?
Bref, conclut Ledjely en Guinée, pour l’instant, « le G5 Sahel n’est pas particulièrement armé. En effet, pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, la force conjointe est toujours menacée par le caractère aléatoire de son financement. Par ailleurs, les autres partenaires ne se bousculent pas au rythme qui était espéré par les dirigeants de la sous-région. Il faut dire, pointe le site guinéen, que certains acteurs de la communauté internationale ne semblent pas convaincus de l’engagement authentique de toutes les parties à enrayer le phénomène terroriste. Ainsi, le représentant de l’Union européenne à la rencontre d’hier à Ouagadougou est revenu sur le respect de l’accord de paix inter-malien. Angel Losada est de ceux qui pensent en effet qu’en soignant le mal au Mali, on trancherait la tête du serpent. Une approche qui ne fait pas forcément l’unanimité. D’autant qu’elle risquerait d’opposer les différents pays du G5 Sahel entre eux. »
Rfi