À la veille du G20 au Japon, Emmanuel Macron pose ses conditions

Emmanuel Macron a entamé mercredi 26 juin une visite bilatérale de 48 heures au Japon avant de participer à partir de demain vendredi au sommet du G20 à Osaka. Un sommet sous haute tension sur lequel planent d’ores et déjà les guerres commerciales de Donald Trump et la dégradation de la situation dans le Golfe.

De notre envoyée spéciale,

Cette visite du président français permet, certes, de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays – plusieurs accords de coopération ont été signés – mais elle a surtout pour objectif de préparer un sommet qui s’annonce difficile. Car si les pays participants au G20 d’Osaka, qui pèsent 85% du produit intérieur brut mondial, doivent plancher sur l’innovation, la lutte contre les inégalités, les disparités hommes/femmes ou encore le vieillissement de la population, thèmes phare de la présidence japonaise, on sait déjà que ce somment sera très largement dominé deux sujets. Le commerce mondial, plombé par les guerres lancées par Donald Trump contre les pays avec lesquels les États-Unis enregistrent un déficit commercial important au premier rang desquels la Chine mais aussi le Mexique ou encore l’Inde. Et le climat, un dossier important aux yeux d’Emmanuel Macron qui veut maintenir la pression pour une application de l’accord de Paris. Il était donc important pour le président français, dont le pays préside cette année le G7, le club des pays les plus industrialisés, de se coordonner avec Shinzo Abe avec qui il partage la même préoccupation de préserver l’ordre multilatéral.

La ligne rouge de la France

Et, avant le sommet, les deux dirigeants ont tenu à rappeler l’importance d’un accord ambitieux à Osaka. Il en va de la crédibilité du G20 a même insisté Emmanuel Macron pour qui cette enceinte qui représente plus de 60% de la population mondiale ne doit pas se retrouver otage de quelques pays alors que le monde doit faire face au défi de la pauvreté, de l’emploi ou encore du réchauffement climatique. Sur ce dossier en particulier le président français s’est montré extrêmement ferme évoquant une ligne rouge à ne pas franchir. « Si on ne parle pas de l’accord de Paris et si, pour se mettre d’accord dans une salle à 20, on n’est pas capable de défendre l’ambition climatique, ce sera sans la France ». Paris qui menace de ne pas signer la déclaration finale du G20, la menace est osée mais elle répond aux rumeurs selon lesquels le projet de texte préparé par la présidence japonaise aurait été édulcoré sur le climat pour être acceptable par Washington. Inacceptable pour la France qui redoute que d’autres pays, comme le Brésil et son très climato-sceptique président Jair Bolsonaro, n’emboitent le pas aux États-Unis et ne se retirent de l’accord de Paris.

Amorcer le G7 de Biarritz

Cette visite au Japon est également l’occasion pour Emmanuel Macron de présenter les priorités de la présidence française du G7. Il se réunit fin août à Biarritz et pour lequel le chef de l’État français souhaite l’adoption d’initiatives concrètes. Sa méthode : former des coalitions d’acteurs internationaux engagés pour répondre aux défis que représente la lutte contre le réchauffement climatique, l’innovation ou encore le développement de l’Afrique. Toutes les bonnes volontés, notamment du secteur privé, seront mobilisées. Et si Emmanuel Macron a participé devant un parterre d’hommes d’affaires et de chercheurs japonais à une conférence consacrée à l’innovation en faveur du bien-être commun – sujet qui lui tient à cœur – c’est aussi pour mettre en avant une initiative qui sera adoptée à Biarritz : BforIG, (business pour inclusive growth), le business pour une croissance inclusive, une initiative qui sera doté d’un fonds pour financer des projets de développement respectueux des normes sociales et environnementales.
rfi