A Téhéran, Jean-Yves Le Drian se heurte à l’intransigeance des Iraniens

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian était en visite à Téhéran ce lundi 5 mars pour soutenir l’accord nucléaire que les Etats-Unis veulent remettre en cause, mais aussi demander à l’Iran des gages sur son programme balistique et ses ambitions régionales. Sur ces deux questions, il a plutôt reçu une fin de non-recevoir.

Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi

Avant même sa rencontre avec Jean Yves Le Drian, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a critiqué les Européens. « Pour conserver les États-Unis dans l’accord nucléaire, les Européens font preuve d’extrémisme à l’égard de l’Iran et cette attitude va leur nuire », a déclaré Zarif.

Un peu plus tard, Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, a rejeté les critiques de la France sur le programme balistique de l’Iran en affirmant que le renforcement des missiles était une nécessité. Il répondait à Jean Yves Le Drian qui avait critiqué avant son arrivée à Téhéran, le programme balistique de l’Iran, menaçant même Téhéran « de nouvelles sanctions ».

Sauver l’accord sur le nucléaire

Le chef de la diplomatie française était venu demander des gages à la République islamique sur son programme balistique et ses ambitions régionales afin de tenter de sauvegarder l’accord sur le nucléaire iranien, menacé par les États-Unis. Les discussions qu’il a eues avec ses interlocuteurs n’ont pas été faciles.

« Sur le maintien de l’accord nucléaire, nous sommes tout à fait en phase, d’ailleurs nous l’avons montré parce que nous avons supprimé nos sanctions et nous avons permis une reprise des relations commerciales entre la France et l’Iran », a dit Jean-Yves Le Drian. Il « faut tout faire pour que cet accord-là, qui est un accord historique, puisse tenir ».

Mettant en garde contre « le risque de cataclysme humanitaire » en Syrie, « mais aussi sur le risque de conflagration régionale », le ministre français a déclaré : « Nous sommes tout à fait déterminés à aider à ce que la crise que l’on voit se développer puisse s’arrêter mais l’Iran et la Russie sont en relation directe avec le régime et ont la capacité d’intervenir de manière vigoureuse ».

Rohani reste ferme sur la question syrienne

Les responsables iraniens ont cependant rejeté tout changement dans leur politique régionale, en particulier en Syrie. Le président Hassan Rohani a déclaré lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères français que le seul moyen de régler la crise syrienne est de renforcer le gouvernement du président Bachar al-Assad.

Signe que le courant n’est pas vraiment passé, le chef de la diplomatie française a déclaré à la fin de sa visite que beaucoup de travail restait à faire sur le programme balistique de l’Iran et sa politique régionale.


Pour l’AIEA, l’Iran respecte les termes de l’accord sur le nucléaire

« Un échec de l’accord nucléaire iranien serait une grande perte pour la vérification et le multilatéralisme » a averti Yukiya Amano, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique de l’ONU à l’ouverture des travaux du conseil des gouverneurs, l’instance dirigeante de l’AIEA rapporte notre correspondant à Vienne, Christian Fillitz.

En fait, l’Iran respecte scrupuleusement l’accord conclu en 2015 sous la présidence de Barack Obama entre Téhéran et les Etats Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine et la Russie. Cet accord encadre strictement les activités nucléaires de la république islamique limitées à un usage civil. Or, après les menaces du président Trump d’annuler voire de renégocier cet accord qu’il considère comme insuffisant, le ton est monté.

Washington a laissé entendre que l’actuel système de vérification était déficient. Ce que Yukiya Amano a démenti implicitement lundi 5 mars – images et chiffres à l’appui – en soulignant que lAIEA disposait du régime de vérification le plus solide au monde en Iran et qu’elle avait accès à tous les sites qu’elle souhaitait contrôler.

rfi