iGFM-(Dakar) Après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, et alors que des milliers d’Afghans tentent de fuir le pays, le président français a pris la parole, lundi 16 août. Dans son allocution télévisée, Emmanuel Macron a déclaré que les ressortissants français et les Afghans ayant aidé la France seront mis en sécurité. Par ailleurs, deux avions des forces spéciales vont être envoyés en Afghanistan.
Le chaos règne à Kaboul, capitale de l’Afghanistan, pays où les talibans sont de retour. Les militaires américains sont partis – ils ne contrôlent plus que l’aéroport Hamid-Karzaï –, le président Ashraf Ghani a pris la fuite et des milliers d’Afghans cherchent à quitter le territoire. La communauté internationale, elle, observe avec inquiétude les évènements tout en essayant d’organiser au mieux l’évacuation des ressortissants étrangers.
Face à cette situation « extrêmement grave » selon les mots de l’Élysée, Emmanuel Macron a pris la parole, ce lundi 16 août, depuis le fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas (Var), où il est en vacances. Avant de s’exprimer à la nation, le président de la République a fait le point à la mi-journée au cours d’un Conseil de défense en visioconférence, auquel ont notamment participé le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et la ministre des Armées, Florence Parly.
« Un tournant historique en œuvre en Afghanistan »
« Un tournant historique est à l’oeuvre en Afghanistan, avec des conséquences majeures pour l’ensemble de la communauté internationale », a déclaré Emmanuel Macron, car « après une guerre de vingt années, après la décision du retour des armées américaines (…), Kaboul est tombée en quelques heures aux mains des talibans ». Sur place, « la situation se dégrade rapidement », ce qui « nécessite des décisions et initiatives immédiates ».
La France doit « protéger » les Afghans qui l’ont aidée
« L’urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes. Ils doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France », a martelé le chef de l’État. Des évacuations ont déjà commencé ces précédentes semaines. « Tous les employés afghans des structures françaises et les membres de leurs familles ont déjà été accueillis en France », a-t-il ajouté. Cela représente « plus de 600 personnes ».
Par ailleurs, Emmanuel Macron a décidé l’envoi de « deux avions militaires de nos forces spéciales » en Afghanistan. Ils seront « sur place dans quelques heures ». Le président insiste pour que la communauté internationale parle d’une même voix et s’unisse prochainement.
Une « initiative » avec les Européens pour « protéger contre des flux migratoires »
« Nous porterons donc, en lien avec la République fédérale d’Allemagne et d’autres européens, une initiative pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie », a poursuivi le président français, en appelant à « la solidarité dans l’effort, l’harmonisation des critères de protection et la mise en place de coopérations avec les pays de transit ».
Ainsi, la France va prendre « toute sa part » dans le cadre d’un effort international pour accueillir des migrants afghans. Toutefois, les Européens doivent « anticiper » et « se protéger » face à des « flux migratoires irréguliers importants ».
La France et le Royaume-Uni vont parler d’une même voix
Emmanuel Macron prévient : « Des groupes terroristes sont présents en Afghanistan et chercheront à tirer profit de la déstabilisation. » Lutter face à ces groupes est « un enjeu pour la paix et la stabilité internationale, contre un ennemi commun, le terrorisme et ceux qui le soutiennent ». « Nous ferons tout pour que la Russie, les États-Unis et l’Europe puissent efficacement coopérer, car nos intérêts sont les mêmes », insiste-t-il.
Le président attend du Conseil de sécurité des Nations unies qu’il apporte « une réponse responsable et unie ». Lui et Boris Johnson, le Premier ministre britannique, ont échangé à propos de la stratégie à adopter. « Nous prendrons des initiatives communes dans les prochaines heures », a assuré Emmanuel Macron, pour qui « l’Afghanistan ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été ».
Avec RFI