Abdul Baqui Haqqani, le ministre de l’Enseignement supérieur du nouveau régime afghan, a confirmé dimanche 12 septembre que les talibans laisseront les femmes étudier à l’université si elles le désirent. Mais elles devront le faire séparément des hommes. Dans les universités et à l’étranger, les inquiétudes sont nombreuses.
Lors d’une conférence de presse donnée à Kaboul, Abdul Baqui Haqqani a balayé les craintes de l’Occident quant à la place que les talibans accorderont à l’éducation en Afghanistan, où ils ont repris le pouvoir mi-août. « La responsabilité de la reconstruction du pays repose sur les universités », a-t-il déclaré, ajoutant avoir « de l’espoir » car « le nombre d’universités a largement augmenté » par rapport à l’époque du premier régime taliban, entre 1996 et 2001. « Cela nous rend optimistes pour l’avenir, pour bâtir un Afghanistan prospère et autonome », a encore souligné le ministre de l’Enseignement supérieur.
Si les nouveau maitre de l’Afghanistan entendent « faire un bon usage de ces universités », la mixité ne sera plus autorisée dans les salles de cours. Les femmes qui le souhaitent pourront étudier, mais pas avec les hommes. « Les gens sont musulmans et ils l’accepteront. (…) La mixité est contraire aux principes de l’islam et à nos traditions », a affirmé Abdul Baqui Haqqani. Selon lui, la mixité a été imposée par le gouvernement pro-occidental ces 20 dernières années alors que des universités réclamaient un enseignement séparé.
Il y a quelques jours, le gouvernement taliban avait annoncé son intention d’autoriser les femmes à étudier, mais sous de stricte condition: port du voile intégral, non-mixité, cours donnés dans des classes séparées ou par un rideau… La confirmation du ministre de l’Enseignement suscite l’inquiétude dans certains établissements, où l’on craint de n’avoir les moyens ni matériels, ni financiers de s’adapter aux nouvelles règles.
Les universités craignent une fuite des étudiants vers l’étranger
Dans les universités, on redoute aussi que la non-mixité encourage les étudiants à quitter l’Afghanistan pour poursuivre leur cursus à l’étranger. Un exil que les talibans refusaient déjà d’envisager fin août : leur porte-parole, Zabihullah Mujahid , avait déclaré qu’ils voulaient garder les divers « experts afghans » car « le pays a besoin de leur expertise ».
L’Unesco, l’agence spécialisée des Nations unies en matière d’éducation notamment, a estimé vendredi que les « immenses » progrès de l’Afghanistan à ce sujet depuis 2001 étaient « en danger » désormais. Elle craint une « catastrophe générationnelle » qui pourrait affecter le développement du pays « pour des années ».
rfi