L’Afrique du Sud vient d’entamer le premier essai clinique d’un vaccin contre le Covid-19 sur le continent. Ce candidat vaccin a été développé par l’université d’Oxford et est déjà en phase de test sur l’homme en Grande-Bretagne. L’Afrique du Sud approche des 140 000 cas détectés de coronavirus et 2500 morts et reste le pays le plus touché d’Afrique par la pandémie. En avril dernier, une polémique sur l’éventualité que le continent puisse servir de cobaye pour tester des vaccins avait déclenché une vive colère. Mais cette fois, les autorités sud-africaines précisent qu’elles sont volontaires.
Le vaccin appelé ChAdOx1 nCoV-19 doit être testé sur 2 000 volontaires en Afrique du Sud. Un essai clinique est déjà en cours en Grande-Bretagne sur 4 000 personnes. Et une autre étude est prévue au Brésil sur 5 000 personnes.
L’objectif :déterminer si ce vaccin est efficace dans des zones différentes du globe et sur des populations variées. Les chercheurs veulent aussi savoir si les personnes atteintes du Sida, particulièrement fragiles, peuvent aussi être protégées. En Afrique du Sud, l’essai doit ainsi inclure 50 séropositifs.
Alors que le pays entre dans l’hiver austral, les autres maladies respiratoires saisonnières comme la grippe sont de retour et les hôpitaux craignent manquer de lits. « Maintenant plus que jamais, nous avons besoin d’un vaccin pour empêcher les infections par le Covid-19 », selon Shabir Madhi, professeur à l’université sud-africaine du Witwatersrand, à Johannesburg, et responsable de l’essai clinique dans le pays.
En avril dernier, deux scientifiques français avaient évoqué à la télévision la possibilité de se servir de l’Afrique comme « un terrain d’essai » pour des vaccins. Leurs propos avaient déclenché une vive polémique. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait dénoncé des propos « racistes » et « l’héritage d’une mentalité coloniale ».
Loin de cette polémique, les autorités sud-africaines sont volontaires pour participer à cette étude, arguant que le continent ne doit pas être mis à l’écart de la recherche scientifique mondiale.
« Chaque jour, le nombre de personnes infectées par le coronavirus augmente, explique le Dr Sandile Buthelezi, directeur général de la Santé au ministère de la Santé, le développement d’un vaccin est la seule solution sur le long terme et nous soutenons pleinement l’équipe qui mène cet essai ».
Et le professeur Madhi ajoute « qu’il est essentiel que nous disposions de données scientifiques dans le contexte africain si nous voulons que les populations africaines puissent bénéficier d’un vaccin dans un futur proche ».Si le test est concluant, il espère une mise sur le marché à l’automne 2021.
Plus de 200 vaccins contre le coronavirus sont à l’étude à travers le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une dizaine d’essais cliniques sur l’homme sont en cours.
♦ ChAdOx1 nCoV-19
Le nom technique du virus testé en Afrique du Sud, au Royaume-Uni et au Brésil est ChAdOx1 nCoV-19, car il est fabriqué à base du virus ChAdOx1, un virus qui provoque un rhume classique, mais modifié génétiquement pour être inoffensif. Il a été également remanié pour présenter la protéine S (pour spike). Cette protéine S est présente à la surface du nouveau coronavirus, c’est elle qui lui donne son aspect caractéristique, hérissé de pics, qui forment comme une couronne à la surface du virus. Les chercheurs espèrent que le vaccin, en présentant la protéine S à nos cellules immunitaires, puisse provoquer la production d’anticorps spécifiques. Ces anticorps, pourraient ensuite reconnaître la protéine S du coronavirus quand il entre dans le corps et annihiler le virus.