Depuis l’an passé, les migrants centraméricains, principalement honduriens, sont toujours plus nombreux à quitter leur pays pour se rendre aux Etats-Unis, en passant par le Mexique. Ils ont pris désormais l’habitude de se déplacer en caravanes, et sans jamais se séparer de leur téléphone portable. Car pour eux, les réseaux sociaux jouent désormais un rôle essentiel, voire vital.
De notre correspondant à Mexico,
Facebook et surtout WhatsApp sont devenus des instruments indispensables pour tous ceux qui veulent émigrer vers les États-Unis. Tout d’abord, ils permettent de convoquer de futurs migrants, en faisant savoir qu’une caravane va se former pour quitter par exemple le Honduras, comme cela a souvent été le cas ces derniers mois. Et puis, c’est l’occasion pour ceux qui rejoignent les groupes de chat de poser des questions pour avoir un maximum de détails avant de partir.
Le gouvernement hondurien accuse l’opposition
Dans ce sens, ces réseaux sociaux jouent un rôle moteur dans la formation des caravanes et dans cette nouvelle manière d’émigrer, portable en main.
Derrière la formation de ces caravanes, il est difficile de connaître l’identité des administrateurs des groupes. Il peut s’agir de candidats à l’émigration ou bien de migrants qui, après avoir été expulsés des États-Unis, veulent y retourner. Ils créent donc un chat pour inciter leurs compatriotes à se joindre à une caravane.
Mais parfois, pour ajouter à la confusion, il arrive aussi qu’il y ait une politisation de ces réseaux sociaux. C’est ainsi qu’en octobre dernier, le gouvernement hondurien a accusé les membres de l’opposition d’être derrière la première grande caravane – qui a compté jusqu’à 7 000 migrants – dans le but, soi-disant, de « déstabiliser le pays ».
Une fois en route, les migrants utilisent aussi les réseaux sociaux comme mécanismes de protection. Cela leur permet d’être en contact permanent avec les autres membres de la caravane, notamment pour les avertir des dangers qu’ils courent durant leur marche. C’est également un moyen essentiel de communication qui leur permet de rester en contact permanent avec leur famille restée au pays, que ce soit en leur téléphonant sans aucun coût, en chatant avec eux ou en leur envoyant des photos ou des vidéos. Mais bien sûr, il faut que leur portable soit chargé. Ce qui explique pourquoi ils se ruent sur les prises électriques dès qu’ils font une halte dans une localité.
Le CICR connecté…
Dans le cadre de ces flux migratoires, des organisations ont aussi recours aux réseaux sociaux pour aider les migrants. C’est le cas du Comité International de la Croix Rouge. Se rendant compte que les migrants utilisent toujours plus WhatsApp tout au long des routes migratoires, le CICR a décidé de diffuser des messages à travers cette application pour leur donner des conseils, pour les mettre en garde contre les risques auxquels ils peuvent être confrontés durant leur périple, ainsi que pour leur indiquer la localisation des foyers d’accueil les plus proches. En plus, cette initiative est interactive, car les migrants peuvent poser des questions aux membres de cette organisation qui leur répondent personnellement !
► Migrants using WhatsApp can get advice on how to stay safe and avoid illness, sickness
C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui, le gouvernement mexicain semble vouloir appliquer une nouvelle politique qui vise à bloquer les caravanes dans le sud du pays ou les fragmenter. Ce qui pousse les migrants à voyager seuls, en famille ou en petits groupes et les oblige à prendre des routes toujours plus dangereuses, notamment celles qui sont contrôlées par le crime organisé. Il est donc important qu’ils puissent rester en contact avec ces organisations à travers leur téléphone portable.