On dit souvent que l’écriture, c’est le cœur qui éclate en silence. Journaliste à l’Observateur, Marie Louise Ndiaye a bien trempé sa plume dans l’encre de la douleur pour parler de sa « nièce » tuée par son épouse, ce jeudi, à Malika. Pis, Aminata Ka plus connue sous le nom de Oury était en état de grossesse de 3 mois. Entre souvenirs, souffrances et plaidoiries, la chroniqueuse judiciaire a laissé, sur sa page Facebook, ses mots pour « condamner l’époux » de Oury sans lui appliquer de circonstances atténuantes.
« Les larmes coulent. Le cœur se contracte de douleur et le corps refuse de réagir à tout stimulus du système nerveux. Il y a de ces douleurs qui te rongent de l’intérieur et t’étouffent la respiration. Quand on perd un être qui nous est proche, c’est comme si le globe terrestre était en califourchon sur notre tête. Le crâne éclate, l’âme se vide et la souffrance semble être le seul sentiment que l’on peut ressentir. Depuis, hier, je vois la douleur ronger toutes ces personnes qui ont partagé ta joie de vivre, ta grande folie, ta grande ambition, tes petites gaffes et tes fous rires. Mon Dieu, j’ai toujours du mal à encaisser le coup. Oury. Notre petite Oury. Si mignonne, si pleine de vie, si casse-pied quand elle veut, avec ses qualités et ses défauts, partir de la plus horrible des façons. De la pire manière qu’une femme puisse mourir : Tuée par l’homme à qui on a juré amour et fidélité : Son mari. »
« Un acte ignoble qui me révolte en tant que femme »
« Un acte ignoble qui me révolte en tant que femme mais en tant que personne qui t’a vu grandir. Lol, tu n’étais qu’une enfant quand tu as commencé à venir à la maison, chez ton tuteur et « papa ». Ta « maman Ely » comme tu appelais affectueusement Ndiaye Isabelle a fait de nous tes tatas. Et c’est dire que tu nous en a fait voir de toutes les couleurs. On t’aimait comme ça. « Tata Didi » Emilienne te faisait du napeu, « Tata Astou » mom avait l’habitude de tes délires et à moi, « Tata bébé » que tu appelais « La Donia (Actrice Film Novelas) » tu en a fait voir de toutes les couleurs. Mais, mon Dieu, ma princesse tu nous a aussi fait connaître de bons moments avec tes blagues qui nous arrachaient de fous rire et ta joie de vivre. L’image de ton beau visage se fissurer en un sourire coquin quand tu voulais quelque chose et de ton corps bouger au rythme d’une musique de Rnb défile encore sous mes yeux. Et me hante.
Entre temps, tu as vite grandi. A chaque vacance, chaque fête, cette petite ado grandissait avec ces interminables jambes et devenait une belle demoiselle qui prenait goût à la vie. Tout Ça s’est passé trop vite. Tu as trop vite grandi pour nous. »
« Aujourd’hui, c’est Oury, hier c’était Maïmouna, qui ont péri des mains de leurs époux. Demain, ce sera Marie, il faut que ça cesse ! »
« Tellement que le choc de cette mort tragique semble être un cauchemar duquel on aimerait s’arracher. Malheureusement, c’est la triste réalité. Une terrible réalité qui ne cesse de nous fendre le cœur. Et j’ose espérer que celui qui t’a servi de mari aura la punition idoine avant de faire face au jugement dernier. En commettant ce double meurtre, il ne pourra plus, je l’espère, vivre en paix. Que ce double crime (celui de ton bébé) le pourchasse à vie. Car, aucun homme, digne d’être appelé homme, ne peut tuer sa femme de sang-froid, tout en sachant que celle qu’il dit aimer porte son enfant. C’est quel amour ça ? Aujourd’hui, c’est Oury, hier c’était Maïmouna, Adama, Rokhaya, Sophie… qui ont péri des mains de leurs époux. Demain, ce sera Marie, Fatou, Amy…Et, il faut que ça cesse !
Beaucoup de femmes souffrent en silence et ne savent pas comment extérioriser toute la douleur qui les ravage à petits feux. Et c’est après un drame que les gens découvrent qu’elles ont déjà vécu l’enfer sur terre. Yalla nagnou si yalla mousseul. Que le Seigneur protège toutes ces femmes, malheureuses dans leur ménage. Quant à toi ma belle, Oury, née Aminata Kane, repose en paix. Dors paisiblement. »