Amnesty a enquêté sur les crimes des rebelles rohingyas en Birmanie

Amnesty International a publié ce mercredi un rapport sur des crimes commis par l’ARSA, la rébellion rohingya en Birmanie contre la minorité hindoue dans l’Etat de l’Arakan. Au moins 99 personnes, femmes, hommes et enfants auraient été victimes d’homicides et d’enlèvements, révèle l’ONG en s’appuyant sur des dizaines de témoignages. Les faits se sont déroulés fin août 2017, durant la répression de l’armée birmane qui a poussé à l’exil plus de 700 000 membres de la communauté apatride rohingya.

C’est le fruit d’une longue enquête qui a commencé en septembre dernier. Amnesty a recueilli des dizaines de témoignages concordants des victimes de ces massacres commis par l’ARSA, le groupe armé rohingya, dans le village de Kha Maung Seik situé dans le nord de l’Arakan.

Laura Haigh, chercheuse sur la Birmanie à Amnesty International, explique comment l’ONG a travaillé sur la question : « Nous avons interrogé un très grand nombre d’hindous dans les camps au Bangladesh, y compris des rescapés de ces attaques. Et plus récemment, nous avons recueilli les témoignages de tous les rescapés qui ont pu rentrer en Birmanie. Toutes les informations concordent, par exemple sur les descriptions physiques des assaillants de l’ARSA. Toutes les femmes interrogées nous ont dit avoir entendu les combattants parler le dialecte rohingya. Ce qui nous amène à la conclusion qu’il s’agit bien du groupe armé rohingya. Enfin, d’autres villageois nous ont confirmé que les militaires birmans n’avaient pas le contrôle de cette zone au moment de l’attaque. »

Le rapport d’Amnesty suscite aussi la controverse car il correspond au discours de l’armée birmane.

« Amnesty International est une organisation indépendante et impartiale. Nous avons toujours utilisé la même méthodologie et la même approche pour enquêter sur les violations des droits de l’homme et les crimes contre l’humanité commis par l’armée birmane. Si notre rapport correspond au discours de l’armée, ça ne veut pas dire que nous soutenons ce qu’il s’est passée dans l’Arakan » justifie Laura Haigh.