Anacarde: Ziguinchor, moteur des exportations sénégalaises malgré la Covid-19

Anacarde: Ziguinchor, moteur des exportations sénégalaises malgré la Covid-19

Au titre de la campagne commerciale de l’anacarde 2020–2021, la zone Sud du pays a exporté à partir du port de Ziguinchor, presque 40.000 tonnes de noix d’acajou, en baisse de 28,62%par rapport aux chiffres de la campagne 2019-2020. Un niveau d’exportation impacté par la crise sanitaire de la Covid-19 mais jugé satisfaisant par les commerçants exportateurs de noix d’acajou appuyés par la Délégation de l’entrepreneuriat rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ). « Sud Quotidien »
39 477 tonnes de noix de cajou ont été exportées à partir du port de Ziguinchor durant la campagne commerciale de l’anacarde 2020-2021. Néanmoins, le secteur souffre d’une absence de statistiques globales et fiables pour une meilleure structuration.

Selon Ousmane Kâ, chef du Service régional du Commerce de Ziguinchor, joint au téléphone par Sud Calame, il y a une baisse des productions exportées par rapport à la campagne 2019-2020. «Pour 2019, la quantité exportée est évaluée à 55.311 tonnes, soit une valeur financière d’environ 27 milliards 182 millions de Francs Cfa», a-t-il indiqué. Un recul en valeur relative de 28,62%. Les statistiques concernant les quantités exportées au niveau national, ne sont pas disponibles ou n’ont pas été encore publiées, a-t-il précisé.

D’après le commissaire Kâ, la fermeture des frontières, la non prise en compte du tonnage habituel provenant de la Guinée-Bissau et la faible présence des acheteurs asiatiques, Indiens et Thaïlandais surtout, sont les principales causes de la chute des exportations.

Toutefois, la campagne actuelle enregistre des résultats meilleurs que celle de 2018-2019, l’année d’entrée en vigueur de l’interdiction de l’exportation des noix d’acajou par la voie terrestre. «En 2018, quand la mesure est entrée en vigueur, on était à 31.871 tonnes», renseigne M. Kâ. Jusqu’en 2017, la quasi-totalité des noix destinées à l’exportation à partir des régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor passaient par le port de Banjul, en Gambie.

Comptes et complaintes des acteurs

En dépit du soutien multiforme de l’Etat, une difficulté particulière a mis en colère des acteurs de la filière. «Nous avions signé des contrats stipulant des quantités précises à exporter. Au final, nos différents partenaires ont révisé à la baisse ces quantités. En plus de la chute du cours du dollar, cela a impacté nos calculs et nos prévisions», se plaint Boubacar Konta.

Les producteurs, maillon important de la chaîne de valeur de la filière, étalent eux aussi leurs complaintes et pestent d’avoir été laissés en rade, notamment dans le financement débloqué par l’Etat. «Pour la campagne passée, le prix au kilo n’était pas fixe. Nous avons donc pu vendre nos récoltes de 350 à 500 francs Cfa le kilo. Mais ce prix de 500 francs n’a tenu qu’une semaine… L’accompagnement de l’Etat nous a fait défaut. Aujourd’hui, je me prépare à défricher mon champ d’anacarde, en espérant que quelqu’un pourrait me prêter une somme que je rembourserai dès que j’aurais écoulé ma production », se lamente Jean Coly, producteur d’anacarde joint au téléphone par Sud Calame.

Point focal des producteurs dans la zone de Bankaoulé proche de Dieubeneu, à quelques encablures de l’aéroport de Ziguinchor, Jean Coly fait part de ses échecs à obtenir une aide des structures de l’Etat comme le Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP). Son objectif était de réfectionner le vieux château d’eau qui se trouve dans son verger de 4 hectares, pour le raccorder au puits qu’il entend creuser en cas de financement.

Sud Quotidien