Le principal opposant au parti au pouvoir, Nikol Pachinian, n’a pas réussi à se faire désigner par l’Assemblée acquise à Serge Sarkissian, parti le 23 avril sous la pression de la rue. Il n’a recueilli que 45 voix sur 105 dans un hémicycle contrôlé par le Parti républicain d’Arménie. Les manifestations vont se poursuivre ce mercredi 2 mai avec pour objectif de bloquer les routes, les gares, les métros, l’aéroport. La crise politique dans le pays est donc loin d’être terminée.
Avec notre envoyée spéciale à Erevan, Anastasia Becchio
La foule immense rassemblée ce mardi soir à Erevan semble déterminée à poursuivre le combat. « Pas question de reculer d’un millimètre », a lancé Nikol Pachinian. Les participants, déchaînés, galvanisés par les propos de l’opposant, scande « Nikol Premier ministre! » et « victoire! ».
Le député d’opposition est arrivé sur la place de la République rapidement après le vote au Parlement, acclamé par la foule, restée dehors sous un soleil écrasant, plus de dix heures durant, à suivre en direct la retransmission des débats au Parlement.
Nikol Pachinian a annoncé qu’un seul membre du Parti républicain avait voté pour lui. Les autres ont donc suivi la consigne de leur mouvement : faire obstacle au chef de la contestation qui a abouti la semaine dernière à la démission de Serge Sarkissian. La crise politique se voit donc prolongée, au moins pour sept jours. Une nouvelle session du Parlement sera convoquée dans une semaine.
D’ici là, les manifestants sont décidés à ne rien lâcher. La mobilisation va se poursuivre. Dès ce jeudi à 8h15, Nikol Pachinian appelle à boycotter les routes, le métro, l’aéroport, avec pour objectif de paralyser le pays et mettre une pression maximale. Mais le meneur de la contestation a prévenu une foule déchaînée ce mardi soir : « La lutte doit rester pacifique. »
En finir avec « ce pouvoir pourri et corrompu »
Comme beaucoup d’autres participants à cette grande campagne de désobéissance civile, l’artiste Karen Dolukhayan entend bien poursuivre la mobilisation et se débarrasser du Parti républicain qui a la mainmise sur le pays depuis 20 ans.
« Nos deux derniers présidents n’ont pas été élus par le peuple, je peux vous l’assurer. Ils ont toujours falsifié les élections, insiste cette peintre. On a toujours eu des fraudes, des votes forcés. Cela fait que, depuis 20ans, nous avons au pouvoir des gens qui ne sont rien, dans le sens où le peuple ne les a pas choisis. S’ils ont recueilli en réalité 15%, c’est un maximum. »
« Je suis contre cette dictature contre ce pouvoir pourri et corrompu, poursuit Karen Dolukhayan. Et ça n’est pas uniquement moi qui pense ça, mais tout le peuple qui déteste ce pouvoir et qui rêve de s’en débarrasser, de se débarrasser de ces moins que rien, de ces hommes corrompus, de ces criminels qui volent le peuple et qui le tuent. Pour moi, ce sont tout simplement des criminels. »
rfi