Les populations de Grand-Yoff souffrent à chaque hivernage. Envahies par des eaux usées à l’odeur pestilentielle venant des égouts, elles ont eu toutes les peines du monde à vaquer à leurs occupations. Elles appellent l’Etat à l’aide pour sortir de cette situation.
Après les premières précipitations, Grand-Yoff a renoué avec les inondations. Les populations de la commune ont vécu un calvaire ces trois derniers jours. A cause de l’eau des caniveaux venant du réseau du quartier Arafat et qui est passée par la Cité Millionnaire avant d’échouer au marché de la localité, il est impossible pour les habitants de vaquer à leurs occupations, car cette eau, noire et puante, a paralysé toutes les activités commerciales de certains tabliers.
«Je n’ai pas vendu aujourd’hui (hier). Toute mon activité est plombée. Mon sac de pains est tombé dans cette eau ce matin», dit Fatou Diallo. Elle n’est pas la seule à vivre ce calvaire. Les enfants de la localité avaient de la peine pour se rendre à leur établissement scolaire. «Ce matin (hier), c’est le boutiquier qui les aidait à traverser l’eau», informe Aïda Niang, badianou gokh. Certaines maisons et boutiques sont envahies par ces eaux nauséabondes, qui agressent les narines à mille lieux. Comme du temps des inondations, les occupants usaient de bassines et de bols pour l’évacuer. Et pour se frayer un passage, ce sont des sacs de sable et des briques qui sont disposés par-ci et par-là.
«On est fatigué de vivre cette situation chaque année. C’est toujours la même chose», a pesté la badianou gokh. A son avis, ce travail ne relève pas de la mairie. Il incombe à l’Etat de le faire, dit-elle, en informant que même Madiop Diop patauge aussi dans cette eau tous les jours. «Ce matin, il est passé par-là pour aller au travail. Même ses enfants ont traversé ces eaux pour aller à l’école. Si c’était en son pouvoir, il l’aurait fait», plaide la badianoiu gokh, qui crie au secours.
D’après elle, une correspondance en ce sens a été adressée à l’Onas, mais aucune suite n’a été donnée à leur requête. Ce qu’elle assimile à «un sabotage et un manque de respect». Selon Mansour Diagne, adjoint de l’imam du quartier, à chaque hivernage, les populations ouvrent leurs fosses sceptiques et ils sont envahis par les eaux. «Nous n’arrivons pas à vivre. Tous nos enfants sont malades à cause de ces eaux. L’Etat doit nous aider à sortir de cette situation», a-t-il demandé.
Le comportement des populations décrié
Abondant dans le même sens, Mme Tall, chef de Service de l’assainissement à Delta Sa, impute aussi la responsabilité de cette situation, à la population. «Il y a 72 heures que nous intervenons ici. Nous avons trouvé des ordures de toutes sortes, des briques dans les égouts. C’est ce qui fait que l’eau refoule et se déverse dans les rues. Le samedi, quand il pleuvait, ils ont ouvert leurs égouts en laissant passer beaucoup de déchets», se désole la chef de Service de Delta Sa.
A l’en croire, Grand-Yoff fait partie des zones les plus difficiles à gérer à cause du comportement de ses populations. Il n’existe pas de réseau d’évacuation des eaux de pluie. Le seul réseau qui existe dans cette commune, est celui des eaux usées. «Nous gérons les eaux usées dans la banlieue depuis 2016, mais à Grand-Yoff, c’est un tout autre problème. Il faut que les populations arrêtent d’ouvrir les égouts quand il pleut, car les canaux seront envahis d’ordures», conseille-t-elle à cette population, qui n’arrêtait pas de scander «Arafat tampi, nous voulons aller à l’école».
Source: LeQuotidien