Assaut du Capitole: une enquête du Sénat pointe de nombreuses défaillances des renseignements

Assaut du Capitole: une enquête du Sénat pointe de nombreuses défaillances des renseignements

Deux commissions sénatoriales ont publié, mardi 8 juin, un rapport de 127 pages sur la prise d’assaut du Capitole du 6 janvier dernier. Selon les sénateurs, deux semaines avant, les services de renseignement savaient que des partisans de Donald Trump préparaient un assaut violent. Et pourtant, la sécurité n’a pas été renforcée.

Dans ce rapport, les sénateurs parlent de « défaillances importantes, généralisées et inacceptables ».

« L’attaque a été planifiée à la vue de tous »
« L’attaque a été planifiée à la vue de tous. » Voilà les mots du président de la commission de la sécurité intérieure du Sénat, coauteur de ce rapport. Selon les sénateurs, dès le 21 décembre, c’est-à-dire deux semaines avant l’attaque, le service de renseignement de la police du Capitole savait que des individus prévoyaient de venir armés à la manifestation. Et ces armes étaient destinées à affronter les policiers qui les empêcheraient de rentrer dans le bâtiment.

Le renseignement savait aussi que ces partisans de l’ex-président partageaient, sur les réseaux sociaux, des cartes du Capitole de manière à évaluer la meilleure façon d’y pénétrer et d’en bloquer les entrées. Car les futurs émeutiers cherchaient aussi à déterminer à l’avance comment piéger les élus pour les empêcher de certifier la victoire de Joe Biden à la présidentielle.

Ces informations confirment que l’attaque du Capitole n’était pas spontanée. Mais ces informations n’ont pas été partagées avec les policiers chargés d’assurer la sécurité du Capitole. De ce fait, ni leurs effectifs ni leurs équipements n’ont été renforcés avant le 6 janvier. Ils s’attendaient à un « meeting de routine », écrivent les sénateurs.

Une unité pour coordonner les services de renseignement
Et dans ce rapport, ces commissions du Sénat mettent également en cause les agences fédérales comme le FBI pour leur manque d’anticipation. Le FBI, mais aussi le Département de la sécurité intérieure n’ont pas alerté à temps. Le rapport note que le FBI a bien prévenu d’un risque de violences, mais uniquement la veille au soir du meeting de Donald Trump. Beaucoup trop tard, et ce, dans un simple courriel.

Par conséquent, dans leurs recommandations, les commissions demandent d’améliorer la communication entre services de renseignement en créant une unité de coordination. Cela dit, même une meilleure communication n’aurait pas suffi à éviter le pire, dit le rapport, car seule une dizaine de policiers chargés de protéger le Capitole avaient suivi une formation anti-émeute adéquate et aucun n’était suffisamment équipé. Les sénateurs proposent donc aussi que le chef de la police du Capitole puisse demander un soutien d’urgence de la Garde nationale sans attendre le feu vert des agences fédérales qui peut tarder, comme on l’a vu le 6 janvier.

Donald Trump épargné
Un acteur majeur de cette journée échappe, quant à lui, à toute critique : Donald Trump. La raison est simple : il s’agit d’une enquête bipartite du Sénat. Pas question donc pour les élus républicains d’égratigner Donald Trump, qui règne toujours en maître quasi absolu sur son parti. À aucun moment la question de sa responsabilité dans l’attaque du 6 janvier n’est donc posée, à aucun moment n’est rappelé son rôle ce jour-là, notamment lorsque l’ancien président a appelé ses partisans à marcher sur le Capitole en répétant ce grand mensonge, comme le disent les médias, à savoir que l’élection lui avait été volée.

Les élus républicains font tout pour freiner les investigations autour du 6 janvier. Pour rappel, beaucoup appelaient à une commission indépendante sur le 6 janvier comme celle lancée après les attaques du 11-Septembre. Mais, ces derniers jours, les républicains s’y sont opposés.

rfi