L’attentat, qui a tué au moins 85 personnes dont 13 militaires américains, jeudi à proximité de l’aéroport de Kaboul est l’attaque la plus meurtrière contre les forces du Pentagone depuis 2011 en Afghanistan.
Ce vendredi à la mi-journée, les corps des soldats américains tués jeudi sont rapatriés aux Etats-Unis. Sur le tarmac, un C17 de l’armée américaine, ces énormes avions de transport qui s’ouvrent par l’arrière, raconte notre envoyé spécial Vincent Souriau. Le gond arrière est baissé et des centaines de soldats américains, peut-être un millier de militaires, sont venus former un arc de cercle ; certains debout, d’autres les bras croisés ou les mains dans le dos pour attendre la levée des corps, des cercueils de leurs camarades tués hier dans les attentats. Les cercueils, après la brève cérémonie militaire, seront rapatriés aux Etats-Unis.
L’attaque de ce 26 août a été la plus meurtrière contre les forces du Pentagone depuis 2011 en Afghanistan. Au total, la guerre la plus longue de l’histoire des États-Unis a coûté la vie à plus de 1 900 militaires américains au combat.
« Deux jihadistes considérés comme appartenant à l’Etat islamique se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par des jihadistes de l’EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires », a annoncé le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain en charge de l’Afghanistan.
Plus de 1 900 militaires américains morts au combat
La précédente attaque la plus meurtrière avait eu lieu dans la nuit du 6 août 2011 lorsqu’un hélicoptère Chinook avait été abattu par les talibans dans la province de Wardak, au sud-ouest de Kaboul. Trente militaires américains, sept soldats afghans et un interprète civil avaient été tués dans l’écrasement de l’appareil. Parmi eux, 22 Navy Seals, le corps d’élite de la Marine américaine.
Avant cela, l’événement le plus meurtrier du conflit pour la coalition remontait au 28 juin 2005, quand 16 militaires américains avaient été tués dans la chute d’un autre Chinook, touché par une roquette tirée par des talibans dans la province orientale de Kunar. Neuf soldats américains ont aussi été tués en juillet 2008 dans des échanges de tirs avec des talibans à Wanat, dans la province du Nouristan.
Quinze mois plus tard, 8 Américains sont morts dans des circonstances similaires lors de tirs contre des centaines d’insurgés à Kamdesh, dans la même province.
Plusieurs soldats américains sont aussi morts dans des attaques perpétrées par des auteurs que les États-Unis considéraient pourtant comme alliés. Le 27 avril 2011, huit militaires – dont plusieurs officiers – et un civil, tous américains et chargés de la formation de l’aviation afghane, avaient été abattus sur une base de Kaboul par un ancien pilote de l’armée afghane.
Et le 30 décembre 2009, un « agent triple » que les services de renseignement américains pensaient être de leur côté a tué sept officiers et contractants de la CIA, dans un spectaculaire attentat-suicide sur la une base de l’Otan appelée Camp Chapman, dans l’est du pays.
D’autres attentats ne sont pas exclus
Suite à l’attaque de ce jeudi, les drapeaux seront en berne aux États-Unis, jusqu’au 30 au coucher du soleil, rapporte notre correspondante à New York, Loubna Anaki. Ordre de Joe Biden pour rendre hommage aux 13 soldats tués dans l’attaque. Le président américain a prononcé un discours hier depuis la Maison Blanche pour saluer le courage des soldats américains et promettre des représailles aux responsables des attaques. Un discours difficile pour Joe Biden qui était au bord des larmes à plusieurs reprises, notamment lorsqu’il a présenté ses condoléances aux familles des soldats tués. Il a évoqué la perte de son propre fils, mort d’un cancer et qui a lui aussi servi en Irak. « Je sais ce que vous ressentez », a dit le président, « c’est comme si on se noyait dans un trou noir ».
Joe Biden a également adressé un message de fermeté aux responsables des attentats de jeudi, au groupe de l’État islamique en Afghanistan. « Nous n’oublierons pas, nous ne pardonnerons pas », a promis Joe Biden avant d’ajouter : « Nous allons vous traquer et vous faire payer ».
Le président a précisé avoir demandé à ses responsables militaires d’établir des plans pour d’éventuelles représailles contre les responsables et les installations du groupe État islamique sur place.
Nous agirons avec force et précision au moment et à l’endroit que nous aurons choisis. Voici ce que vous devez savoir : ces terroristes ne gagneront pas. Nous allons évacuer les Américains et nos alliés afghans. Et notre mission va continuer. L’Amérique ne se laissera pas intimider.
Joe Biden
Loubna Anaki
Un peu avant le discours du président, le commandant des troupes américaines en Afghanistan a assuré que les évacuations continueraient comme prévu. Il a affirmé qu’ils se préparent à d’éventuelles attaques dans les jours qui viennent. Le général McKenzie a expliqué qu’il communiquait en permanence avec les talibans pour qu’ils renforcent la sécurité de leur côté.