Il y aura vingt ans, ce samedi 11 septembre, que les tours jumelles de Manhattan et le building numéro 7 à proximité, se sont effondrés, à la suite d’un attentat perpétré par des terroristes d’al-Qaïda. Chaque année, les commémorations de l’événement ravivent la douleur des familles des victimes et raniment les doutes – chez certains – sur le discours officiel à propos de l’événement.
Les doutes portent sur la façon dont les édifices du World Trade Center se sont écroulés ce 11 septembre 2001 à New York. On trouve aujourd’hui, sur internet, toute une littérature pour nier le fait que les tours se soient effondrées sous l’effet du crash des deux avions, ou encore nier l’existence même des commandos qui ont pris le contrôle des appareils. La thèse véhiculée par les sceptiques du 11-Septembre impute aux autorités américaines l’entière responsabilité des événements. L’effondrement des buildings aurait été provoqué par des explosifs. Des vidéos circulent avec des commentaires pointant des « évidences » qui n’en sont pas, aucune preuve tangible ne vient étayer la thèse d’une « démolition contrôlée » à l’aide d’explosifs qui auraient été placés intentionnellement dans les tours. En deux décennies, aucune analyse de matériaux n’est venue corroborer ces allégations, malgré les possibilités offertes par les progrès scientifiques. Ces mêmes progrès qui permettent aujourd’hui encore d’identifier les restes de victimes au bout de vingt ans.
Le déni systématique
Les auteurs de ces accusations demandent la réouverture d’une enquête – Reopen 9/11 – car ils réfutent les conclusions des investigations menées jusque-là. En particulier concernant le troisième bâtiment – building n°7 – qui s’est écroulé plusieurs heures après l’effondrement des tours jumelles. L’enquête a mis en évidence une série d’incendies provoqués par l’impact de la chute d’énormes blocs tombés sur ce building depuis les tours. Mais les conspirationnistes refusent ces explications. De même qu’ils dénient les revendications des attentats par al-Qaïda, malgré les enregistrements qui en attestent.
L’histoire politique est émaillée de complots, mais en général, ils résistent mal à l’épreuve du temps. De fait, les deux décennies qui se sont écoulées n’apportent toujours aucun élément de nature à accréditer les thèses développées par les conspirationnistes. La déclassification prochaine de documents du FBI pourrait mettre à mal certains de leurs arguments. Il y a pu y avoir des secrets et dissimulations de faits exposant certaines personnalités, mettant en lumière de coupables négligences, mais l’implication d’Oussama Ben Laden et de ses commandos relèvent de la réalité factuelle. Ce qui n’empêche aucunement de s’interroger sur les raisons de leur passage à l’acte.
Le complotisme, un business
La négation du rôle joué par des membres d’al-Qaïda va bien au-delà de certaines interrogations légitimes. Pourtant, ce scénario extrême continue de séduire des milliers de personnes aux États-Unis et dans le monde, abreuvées par des vidéos internet qui recyclent à l’envie les images spectaculaires des attentats, des documents parfois payants. Des ouvrages sont en vente sur les sites contestant la réalité des faits, livres, CD et T-shirts. Ces sites accrocheurs profitent également de revenus publicitaires. Certains présentent l’apparence d’ouvrages techniques élaborés, censés dévoiler ce que l’on nous cache. D’autres vont très loin dans le conspirationnisme désignant l’élite mondialiste, dénonçant un complot judéo-maçonnique, rejoignant la thèse d’une pandémie de Covid-19 planifiée et fabriquée par les mêmes élites pour asservir le monde à leur profit.
Plusieurs associations se sont constituées, comme par exemple l’association Architects and Engineers for 9/11 Truth, qui prétend rassembler des milliers d’experts. Mais vérification faite, bien peu s’expriment sur leur domaine de compétence, peu sont à même d’interpréter les calculs de structure qui sous-tendent la thèse officielle. Le site spécialisé Chronique d’Architecture s’est intéressé au pedigree de quelques Français membres de l’association, certains ne figurent même pas dans les registres de l’ordre des architectes. Le même site établit d’ailleurs le caractère très improbable d’une « démolition contrôlée », qui aurait nécessité des mois et des mois de calculs et de travaux pour arriver au résultat que l’on sait.
Du délire à l’interrogation légitime
Sans tomber dans le délire conspirationniste, certains questionnements persistent, alimentés par les mensonges d’état produits par une administration qui s’engage alors dans la « guerre contre le terrorisme ». Les liens – non avérés – entre Saddam Hussein et al-Qaïda et l’affaire des armes de destructions massives dont Saddam ne disposait plus à l’époque, font partie du dispositif mis en place pour justifier l’entrée en guerre en Irak. Contrairement aux thèses conspirationnistes, ces prétextes ayant servi au déclenchement de la guerre ont bel et bien été dénoncés et mis en lumière, ils n’en n’ont pas moins décrédibilisé la parole officielle. D’où les interrogations de personnalités américaines très en vue, comme le réalisateur Spike Lee, qui – dans une première version de son documentaire sur New York corrigée in extremis avant sa sortie fin août – faisait la part belle aux théories du complot. Il affirmait dans une interview au New York Times « se poser des questions » sur ce qui s’est réellement passé le 11-Septembre. Suite aux critiques émises à l’issue de la projection à la presse de la docu-série NIC EPICENTRE 11/09/2011, le réalisateur a retouché la demi-heure dans laquelle intervenaient des membres de Architects and Engineers for 9/11 Truth (AE911), dont Richard Gage.
Mais la différence entre Spike Lee et les conspirationnistes purs et durs, c’est que ces derniers ne se posent plus de questions, convaincus de détenir la vérité. Ils se retrouvent au sein de la mouvance des Truthers, adeptes d’une « vérité alternative » partagée par ceux qui dénient également la réalité de drames comme la fusillade qui a eu lieu à l’école de Sandy Hook, ou encore la réalité de la pandémie de Covid-19.
refi