Au Kurdistan Irakien, la communauté yézidie célèbre la nouvelle année. Pour cette religion ancestrale, issue de la Perse antique, nous sommes désormais en l’an 6769, date de la création de l’univers. Victimes d’un génocide par Daesh, les Yézidis affluent par milliers depuis mardi soir, 16 avril, au temple de Lalesh, leur sanctuaire, pour se recueillir et prier pour les milliers de disparus. Reportage.
Avec notre envoyé spécial à Lalesh, Noé Pignède
Au cœur des montagnes, dans le temple de Lalesh, l’heure est aux retrouvailles pour la communauté yézidie. Depuis la fin de la guerre contre Daesh, la plupart des familles vivent disséminées dans des camps de réfugiés.
Hamo, les yeux bleus, casquette vissée sur la tête, est venu retrouver ses cousins et fêter la nouvelle année. « Ici, nous sommes dans un lieu sacré. La célébration du Nouvel An est très importante pour nous. Les anciens, il y a des milliers d’années, célébraient déjà cette fête. Nous l’avons toujours célébrée, et nous n’abandonnerions cette tradition pour rien au monde », assure-t-il.
Des dizaines de bougies scintillent dans la nuit noire, symbole de paix et de prospérité. Ici, la plupart des Yézidis ont un membre de leur famille toujours porté disparu, victime du génocide perpétré par l’organisation État islamique.
« Tous les jours nous prions pour qu’ils reviennent, poursuit Hamo. Mais malheureusement, ce n’est pas entre nos mains. Ils ont été enlevés, beaucoup ont été tués ou violés. Personne ne peut comprendre ce qu’il leur est arrivé. Nous sommes venus pour prier pour eux, pour les Yézidis, et pour nos familles. J’espère que Dieu les ramènera. »
Près de 3 000 Yézidis manquent toujours à l’appel. Depuis la chute du dernier territoire de Daesh, il y a un mois, l’espoir de retrouver un jour leur trace s’amenuise. Ce mardi, 500 corps ont été retrouvés dans un charnier au nord de l’Irak.
Rfi