Au Nigeria, la difficile réinsertion des femmes sorties des griffes de Boko Haram

Women march during a protest to challenge impunity and gender-based discrimination raids on women by Federal Capital Territory and Nigerian Police, in Abuja on May 10, 2019. (Photo by Kola SULAIMON / AFP)

Un rapport d’International Crisis Group pointe l’incapacité de l’État à assurer la réintégration de ces «revenantes». Certaines femmes, ostracisées, préfèrent retourner parmi les djihadistes.

Au Nigeria, les femmes libérées de l’emprise du groupe djihadiste Boko Haram ont souvent le plus grand mal à se réinsérer dans leur communauté d’origine. L’International Crisis Group (ICG) a publié mardi un rapport, intitulé «Retour du pays du Djihad: le destin des femmes associées à Boko Haram», dans lequel l’ONG dénonce l’incapacité du gouvernement nigérian à assurer la réintégration des femmes au sein de la société lorsqu’elles sont libérées des griffes de Boko Haram. Le rapport souligne que cet échec risque d’entretenir le conflit, dans la mesure où de nombreuses Nigérianes préfèrent retourner vivre sous l’égide de Boko Haram plutôt que de devoir endurer l’ostracisme qui leur est réservé dans la société nigériane.

Un rapport d’International Crisis Group pointe l’incapacité de l’État à assurer la réintégration de ces «revenantes». Certaines femmes, ostracisées, préfèrent retourner parmi les djihadistes.

Au Nigeria, les femmes libérées de l’emprise du groupe djihadiste Boko Haram ont souvent le plus grand mal à se réinsérer dans leur communauté d’origine. L’International Crisis Group (ICG) a publié mardi un rapport, intitulé «Retour du pays du Djihad: le destin des femmes associées à Boko Haram», dans lequel l’ONG dénonce l’incapacité du gouvernement nigérian à assurer la réintégration des femmes au sein de la société lorsqu’elles sont libérées des griffes de Boko Haram. Le rapport souligne que cet échec risque d’entretenir le conflit, dans la mesure où de nombreuses Nigérianes préfèrent retourner vivre sous l’égide de Boko Haram plutôt que de devoir endurer l’ostracisme qui leur est réservé dans la société nigériane.

De son côté, le gouvernement nigérian ne prévoit que de très faibles infrastructures pour aider ces femmes à se réintégrer. Si l’État fournit un «centre de réhabilitation», connu sous le nom de Centre de Transition de Bulumkutu, dans la ville de Maiduguri, celui-ci n’a qu’une capacité d’environ 300 personnes et il est unique en son genre dans toute la région du nord-est. Cette sous-capacité entraîne les autorités à renvoyer, trop hâtivement et sans contrôle suffisant, les femmes dans leurs communautés d’origine ou dans des camps de migrants internes. En outre, les compétences enseignées aux femmes dans ce centre sont souvent inadéquates face à la demande du marché nigérian. Pour améliorer ce système, ICG propose de sensibiliser les citoyens ordinaires à la réinsertion des femmes de Boko Haram afin d’amoindrir leur peur et de réduire les risques d’ostracisme des «revenantes».

Un contrôle militaire plus assidu et standardisé
Certaines Nigérianes décident malgré tout de rebrousser chemin pour retourner dans le territoire contrôlé par les djihadistes. Plusieurs «revenantes» interviewées par l’ICG affirment s’être senties davantage en sécurité, mieux soignées et avoir reçu une meilleure éducation (bien qu’exclusivement religieuse) lorsqu’elles vivaient sous la férule de Boko Haram qu’après leur libération. Elles déclarent avoir été déçues que l’État et ses services médiocres n’aient pas su répondre à leurs attentes. L’ICG démontre que cette situation risque d’aggraver le conflit car le retour des femmes au sein du groupe terroriste pourrait redonner confiance aux djihadistes, mais aussi renforcer les opérations militaires du groupe car ces femmes sont souvent chargées d’espionnage ou de recrutement.

L’ONG pour la résolution de conflits préconise un contrôle militaire plus assidu et standardisé des «revenantes» afin de rassurer la population. Selon le rapport, l’État devrait redoubler d’efforts pour protéger ces femmes contre les nombreux abus sexuels dont elles font l’objet, notamment en élevant les sanctions pour viol mais aussi en sensibilisant la population à ce sujet. Le gouvernement devrait aussi donner le pouvoir aux femmes de décider où elles veulent se réinstaller, car certaines préfèrent habiter loin de leur maison natale. L’ONG demande au Nigeria d’allouer plus de fonds aux migrants internes et au développement régional afin d’éviter une escalade toujours plus violente du conflit.