Audit du fichier électoral : les exigences de Wade à Antoine Diome

Audit du fichier électoral : les exigences de Wade à Antoine Diome
Audit du fichier électoral : les exigences de Wade à Antoine Diome

« Monsieur le Ministre de l’Intérieur,

Le Parti démocratique sénégalais a historiquement porté depuis 1974, date de sa création, le combat pour un processus électoral libre et transparent permettant l’expression sincère du suffrage du peuple, seule garantie pour disposer d’institutions politiques légitimes et d’une paix sociale durable et instaurer une véritable démocratie.

Ce combat a permis la première convocation, en 1992, de la table ronde politique sous le régime socialiste, qui aboutira à une réforme consensuelle du code électoral en 1993 dit « Code Kéba Mbaye » et la première alternance démocratique en Afrique subsaharienne, dans des conditions que l’ensemble de la communauté internationale a magnifiées.

Cet acquis démocratique que le régime du président Abdoulaye Wade a considérablement approfondi de 2000 à 2012, à travers diverses initiatives dont l’élargissement du droit à la marche pacifique et l’organisation d’élections libres et transparentes, a permis au président actuel d’être élu. Mais depuis 2012, cet acquis est bafoué avec des tripatouillages systématiques du fichier et de la carte électorale et des modifications intempestives de la constitution et des lois électorales.

C’est pourquoi, le PDS, au lendemain des élections législatives de 2017, avait produit un livre blanc retraçant les nombreuses manipulations frauduleuses qui ont permis une victoire illégitime de la coalition BBY lors des élections législatives du 30 juillet 2017 et exigé un audit du fichier électoral volontairement piégé par le régime en place pour s’assurer une victoire sans coup férir, à tout type d’élection.

A l’issue des dernières élections législatives, un simulacre d’audit du fichier électoral avait été organisé par le régime, dans une démarche unilatérale rejetée par notre parti. Comme vous le savez déjà, notre parti n’a cessé d’exiger son implication dans l’ensemble du processus électoral, notamment l’audit du fichier et du processus électoral ainsi que dans le processus de confection et de distribution des cartes d’électeur et l’affection des électeurs dans les centres et les bureaux de vote. Contrairement à ce qui se passe depuis 2012, l’état de droit et la démocratie exigent la mise en place d’un organe véritablement indépendant pour organiser les élections, la validation publique des listes électorales par les populations et l’accès des partis politiques à la liste et carte électorales définitives bien avant le scrutin.

Vous avez persisté dans cette démarche unilatérale pour imposer à la classe politique, un parrainage fantaisiste, malgré l’avis défavorable unanime de tous vos adversaires et des démocrates. Ce parrainage dont le résultat avait été annoncé d’avance par le Premier ministre de l’époque a permis d’éliminer injustement la plupart des candidats pour n’en garder que ceux que vous aviez choisis d’avance et dont d’ailleurs, certains viennent de rejoindre la majorité présidentielle.

A cela s’ajoute l’élimination des principaux challengers du candidat-président, au moyen du bras armé de la justice, privant ainsi messieurs Karim Wade et Khalifa Sall de leur droit légitime à participer à l’élection présidentielle.

Au total, l’absence de réponse pertinente de votre régime à nos justes revendications et votre persistance dans l’unilatéralisme, ont fini d’installer notre pays dans une impasse politique dont les conséquences, à terme, risquent d’être préjudiciables à tous.

Monsieur le ministre de l’Intérieur, le jugement de l’histoire est implacable. Le Parti démocratique sénégalais voyant que le FRN était instrumentalisé à des fins politiques pour justifier l’entrée au gouvernement d’une frange de l’opposition qui était membre de ce front, sous le couvert de ce dialogue, a quitté le FRN à l’époque. Aujourd’hui, l’histoire lui a donné largement raison sur les véritables motivations de cet appel au dialogue.

Toutefois, le PDS voudrait vous rappeler que le fichier électoral ne peut garantir la transparence que si les formations politiques sont associées à son élaboration, en particulier le parti d’opposition le plus représentatif du pays, en l’occurrence le PDS, seul parti fort d’un groupe parlementaire d’opposition au sein de l’Assemblée nationale.

En conséquence, le PDS réclame une place pleine et entière dans le processus d’audit du fichier électoral et de réforme des lois électorales, en dehors de toute coalition de partis. En effet, l’ensemble des partis politiques présents à l’Assemblée nationale, et qui ont donc fait la preuve de leur représentativité électorale, devraient être représentés au moins par deux (2) membres au sein de la commission chargée du pilotage de l’audit.

Veuillez agréer, monsieur le ministre de l’Intérieur, l’assurance de ma meilleure considération. »