Alasdair Bell, Secrétaire Général adjoint de la FIFA, s’est exprimé lors d’une audition parlementaire du Conseil de l’Europe.
Selon lui, le Qatar a réalisé des avancées « concrètes et incontestables » sur la question du droit du travail. Ces progrès sont intervenus durant la préparation de la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022™, dont le coup d’envoi sera donné le 20 novembre.
M. Bell a pris la parole dans le cadre d’une audition intitulée « Gouvernance du sport et droits sociaux : protection des droits des travailleurs au Qatar », organisée conjointement par la commission de la Culture, des Sciences, de l’Éducation et des Médias, et par la commission des Affaires sociales, de la Santé et du Développement durable de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (PACE), à Strasbourg. Les débats se sont déroulés sous la direction de Lord George Foulkes, rapporteur du récent rapport sur la gouvernance du football auprès du Conseil de l’Europe. Bjorn Berge, secrétaire général adjoint du Conseil, a prononcé le discours d’introduction.
M. Bell est tout d’abord revenu sur le rôle de la FIFA. Il a également rappelé qu’en tant qu’instance dirigeante du football, celle-ci accueillait toujours avec intérêt les remarques et les recommandations en matière de droits humains, qu’ils viennent d’ONG ou d’institutions internationales comme le Conseil de l’Europe. « Nous sommes avant tout une instance sportive, mais les droits humains sont au cœur de nos engagements », a-t-il rappelé. « Ce n’est pas qu’une simple formule ; c’est la réalité. La FIFA a contribué à améliorer le quotidien de centaines de milliers de personnes. »
Lors de cette audition, M. Bell a confirmé que les droits humains et les droits du travail avaient sensiblement progressé au Qatar. La FIFA a pris une part active à ces changements, comme l’ont reconnu l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et le congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI), pour ne citer que ces deux organisations. « Ces avancées sont le fruit d’efforts collectifs pour améliorer les normes qatariennes, mais il ne fait aucun doute que la Coupe du Monde a contribué cette évolution législative. »
À titre d’exemple, l’État du Qatar a commencé à démanteler la kafala, un système de parrainage. Il s’est également doté d’une loi sur un salaire minimum non-discriminatoire. Il a renforcé les mesures de protection contre les températures très élevées et mis en place des comités de travailleurs. « Nous avons constaté des avancées concrètes au Qatar. Nous avons travaillé sans relâche avec les autorités qatariennes et les ONG pour arriver à ce résultat. Les chantiers de la Coupe du Monde sont en passe de devenir la référence au Qatar. En 2020, près de 250 000 personnes ont pu changer d’emploi, grâce à ces réformes. Quelque 300 000 travailleurs ont bénéficié de l’introduction d’un salaire minimum. Il faut maintenant consolider ces acquis, afin qu’ils deviennent la norme. Nous étudions la possibilité de créer un centre dans lequel les travailleurs immigrés au Qatar pourraient recevoir des conseils. Nous nous penchons également sur le moyen de faire en sorte que toutes les personnes ayant subi des accidents du travail puissent être dédommagées. Toutefois, ces réformes ne sont pas simples à mettre en œuvre. »
M. Bell a reconnu qu’il ne fallait pas se contenter de ces résultats. À ce titre, la FIFA travaille actuellement avec l’État du Qatar, afin que la Coupe du Monde 2022 laisse un héritage durable en matière de droit du travail. « Il s’agit de veiller à ce que les progrès réalisés ne soient pas remis en cause à l’issue de la compétition. Quand le rideau sera tombé sur la Coupe du Monde, ces innovations doivent être maintenues et même s’étendre à l’ensemble du Moyen-Orient », a plaidé M. Bell.
Il a rappelé, en outre, que la FIFA avait inscrit la question des droits humains au cahier des charges de tous ses tournois, dès 2017. « La FIFA a décidé de mettre l’accent sur ce thème et les effets n’ont pas tardé à se faire sentir. Cette Coupe du Monde au Qatar est le premier grand événement sportif à présenter un effet positif à long terme dans le domaine des droits humains », a-t-il souligné. « Nous nous gardons bien de tout triomphalisme, mais c’est un fait dont il convient de prendre note. »
Le Conseil de l’Europe a signé un protocole d’accord avec la FIFA en 2018. Les deux organisations travaillent en étroite collaboration sur un certain nombre de sujets importants comme la protection de l’enfance, la bonne gouvernance, la lutte contre les manipulations de matches ou encore la sûreté et la sécurité lors des matches de football.
M. Bell a souhaité que cette coopération avec le Conseil de l’Europe se poursuive à l’avenir.
« Il reste beaucoup à faire. C’est l’une de nos préoccupations en termes d’héritage. Le football peut apporter une contribution dans de nombreux secteurs. Il suscite l’intérêt du public et, à ce titre, il peut être un vecteur de changement. Je crois qu’il nous revient de faire en sorte que ce changement soit source de progrès et qu’il s’inscrive dans la durée. »