L’Australie se rendra aux urnes le 18 mai 2019 pour renouveler son Parlement, lequel choisira le nouveau Premier ministre. Après 5 ans et demi de gouvernements libéraux, les sondages promettent une courte victoire à l’opposition travailliste menée par Bill Shorten face au Premier ministre sortant Scott Morrison. Les Australiens sont en effet las des dissensions au sein du parti libéral, et des changements fréquents de gouvernement.
De notre correspondante à Melbourne,
La politique étrangère et la relation avec la Chine inquiètent fortement les élites australiennes mais les candidats axent cette campagne électorale exclusivement sur les affaires intérieures. Dans un contexte économique au beau fixe ou presque, l’Australie est dans sa 29e année de croissance ininterrompue, avec un taux de chômage très bas de 5%, entre autres grâce au boom de la construction et bien sûr aux matières premières, charbon en tête. Le gouvernement libéral sortant de Scott Morrison aborde donc la campagne avec une carte maîtresse : l’Australie est revenue à l’excédent budgétaire. Les libéraux veulent puiser dans ce trésor pour baisser les impôts des classes moyennes, les travaillistes, eux, offrent des baisses d’impôts aux petits salaires. L’objectif des deux grands partis rivaux étant de relancer la consommation qui donne des signes inquiétants d’essoufflement, à cause de la stagnation des salaires.
Les politiques et l’effet Christchurch
Un thème est absent de la campagne électorale australienne pour le moment : c’est l’immigration. A chaque élection, le parti libéral, de droite, mais également parfois le parti travailliste, de centre gauche, agite la menace d’une invasion migratoire. Mais cette année même le parti libéral reste discret sur la question. C’est l’effet Christchurch : la tuerie perpétrée par le terroriste blanc australien dans les mosquées néo-zélandaises force Scott Morrison à marcher sur des œufs : difficile d’exploiter la peur de l’immigration musulmane en Australie, sous peine de perdre des électeurs.
Prise de conscience des Australiens sur le climat
La lutte contre le dérèglement climatique revêt une importance particulière dans cette campagne après un été austral marqué par des records de chaleur et de terribles sécheresses. Et logiquement donc, d’après une récente étude d’opinion, les Australiens n’ont jamais été aussi inquiets du dérèglement climatique alors que parallèlement, les émissions de CO2 augmentent en Australie, atteignant un niveau record en 2018. Malgré cela, les libéraux sortants continuent à chanter les louanges du charbon, premier produit d’exportation australien. Juste avant le début de la campagne, ils ont ainsi donné leur feu vert au développement d’une méga mine de charbon par l’Indien Adani. Par ailleurs, les libéraux assurent quand même le minimum pour le climat: 26% de réductions d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 réalisés grâce à l’hydroélectricité et à des subventions aux industries et agriculteurs pour polluer moins. Quant aux travaillistes, eux, ils promettent 45% d’émissions en moins d’ici 2030, toujours grâce aux subventions, mais aussi à des crédits carbone.
L’australie inquiète des tentatives d’ingérence chinoises
La politique étrangère, elle, intéresse très peu les partis australiens et leurs électeurs. Mais les élites et les médias ne cachent pas leur vive inquiétude. D’après un rapport commandé par le gouvernement en 2018, toutes les institutions politiques australiennes, du Parlement aux simples mairies, sont infiltrées par des agents inféodés au régime chinois, un problème que le nouveau Premier ministre devra affronter car les universitaires australiens prédisent des pressions de Pékin pour obtenir des aménagements de politique intérieure : par exemple, amener l’Australie à retoquer la loi qui interdit les donations étrangères aux partis politiques.
Rfi