Le bonze ultra-nationaliste est visé par un mandat d’arrêt des autorités birmanes depuis mardi 28 mai. Après une interdiction de s’exprimer pendant un an, qui s’est terminée en mars 2018, le bonze Wirathu est apparu en public ces derniers mois, avec dans son viseur le gouvernement civil au pouvoir.
Avec notre correspondante à Rangoun, Sarah Bakaloglou
Trois ans de prison. Voilà ce que risque aujourd’hui celui qui avait été surnommé par le magazine Time « le visage de la terreur bouddhiste ». Le moine Wirathu est visé par un mandat d’arrêt pour incitation à la haine et au mécontentement, contre le gouvernement notamment.
Depuis plusieurs semaines, les autorités birmanes cherchent à poursuivre en justice ce bonze ultra-nationaliste, connu pour ses discours de haine contre la minorité musulmane du pays, dont les Rohingyas. Banni de Facebook sous son nom officiel, le religieux avait été interdit de s’exprimer en public en Birmanie pendant un an.
Ces derniers mois, Wirathu a participé à des rassemblements, notamment dans la ville de Rangoun, avec un registre plus politique. Il s’est ainsi opposé à tout amendement de la Constitution de 2008 que souhaite la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti de la dirigeante Aung San Suu Kyi. Le texte constitutionnel donne d’importants pouvoirs à l’armée birmane.
Soutien aux militaires contre Aung San Suu Kyi
Le moine nationaliste a au contraire appelé à vénérer les militaires siégeant au Parlement. « Le gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie devrait changer son attitude, car il n’est pas démocratique », a notamment déclaré Wirathu. Des mots qui expliquent la volonté de la LND et des autorités civiles de contrer au plus vite le moine extrémiste. Les élections générales dans le pays sont en effet prévues à l’automne 2020.
Selon Amnesty international, l’armée birmane poursuit ses crimes de guerre dans l’État de l’Arakan, à l’ouest du pays. Deux ans après la crise des Rohingyas, les combats de ces derniers mois entre les militaires et la guérilla de l’Arakan Army font des victimes parmi les civils, dénonce l’organisation dans un nouveau rapport publié ce mercredi. Des civils, de l’ethnie arakanaise ou rohingya, qui vivent dans la peur, selon Amnesty.
Rfi