Le président équatorien Lenín Moreno a décrété ce jeudi 3 octobre l’état d’urgence sur tout le territoire. Cette mesure permettra la mobilisation des militaires pour faire face à la grève des transporteurs qui essaient de bloquer le pays.
Les affrontements se multiplient à Quito autour des ronds-points et des barricades dressées par les chauffeurs de taxi et de bus qui ont utilisé leurs véhicules pour bloquer les principales avenues de la capitale. Certains habitants sont en effet furieux de ne pas pouvoir se déplacer autrement qu’à pied ou à bord de camionnettes privées qui facturent leurs services à prix d’or, indique notre correspondant à Quito, Eric Samson.
Dans le reste des grandes villes du pays, c’est la même situation les axes principaux sont bloqués. Les étudiants et syndicalistes ont quant à eux dressés des barricades de troncs, de pneus enflammés et de poubelles
Face à cette situation, le gouvernement a décidé dans la journée du jeudi 3 octobre de fermer les écoles jusqu’au vendredi 4 octobre et d’établir l’état d’urgence. Cet état d’exception permet d’établir des zones de sécurité sur le territoire, de suspendre ou limiter certains droits comme celui de la libre circulation, d’imposer la censure aux médias. Elle permet également de mobiliser l’armée et la police pour assurer l’ordre public. La Constitution prévoit que la mesure peut rester en vigueur 60 jours et être prorogée pour une période de 30 jours supplémentaires.
Après une journée de jeudi chaotique aggravée par des pillages, le président Lenín Moreno a affirmé jeudi 3 octobre au soir à la télévision qu’il n’avait pas l’intention de céder : « Les mesures prises par le gouvernement seront maintenues. Il n’y a aucune possibilité de revenir sur l’annulation des subventions perverses sur les carburants qui depuis 40 ans nuisent au pays et distorsionnent notre économie ».
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Alors que ses ex-alliés proches de l’ancien président Rafael Correa demandent sa destitution et des élections anticipées, le chef de l’État se dit victime d’une tentative de déstabilisation : « Quant au secteur des transports, nous en avons terminé avec le processus de négociation. Les chauffeurs n’ont pas été sérieux, ce qui nous fait supposer que leur objectif n’est pas d’obtenir des tarifs plus élevés mais bien de renverser un gouvernement légitimement constitué ».
Une cinquantaine de personnes ont été arrêtées et plus de 20 journalistes, caméramans et photographes agressés par les manifestants et la Police.
Fin des subventions sur les carburants
Le gouvernement est la cible de la colère de la rue depuis qu’il a décidé mardi de mettre fin aux subventions sur les carburants. Cette mesure doit lui permettre de récupérer environ 2 milliards d’euros par an, mais devrait entraîner la hausse des prix d’à peu près tous les produits de consommation.
Les syndicats et les organisations indigènes sont également sur le pied de guerre. Ils protestent contre des réformes du Code du travail, et notamment la réduction de quatre à deux semaines des vacances des fonctionnaires. Malgré la mobilisation de ses adversaires politiques proches de l’ancien président Rafael Correa, le président Moreno a indiqué que les mesures économiques seront intégralement maintenues.
rfi