L’ancien dictateur bolivien Luis García Meza, 88 ans, qui purgeait une peine de 30 ans de prison pour des crimes commis après son coup d’Etat militaire en 1980, est décédé dimanche 29 avril dans un hôpital militaire de La Paz. Proche des milieux narcos, il s’était illustré en recrutant l’ancien nazi Klaus Barbie pour mettre sur pied un groupe paramilitaire destiné à liquider les opposants.
Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en juillet 1980, Luis Garcia Meza sera à son tour déposé par un autre putsch en août de l’année suivante. Mais pendant ses treize mois à la tête de l’Etat bolivien, il a conduit le pays d’une main de fer au point d’être condamné en avril 1993 à 30 ans de prison, avec l’ancien ministre de l’Intérieur Luis Arce Gómez. Luis Garcia Meza s’était enfui de Bolivie au Brésil avant d’y être capturé en mars 1995, puis extradé en Bolivie.
Il est considéré avec Hugo Banzer (au pouvoir de 1871 à 1978 et de 1997 à 2001) comme l’un des chefs d’Etat les plus sanguinaires de Bolivie. Viscéralement anti-communiste, il a été mis en cause dans un procès par contumace lancé en 2015 par la justice italienne contre une trentaine d’ex-militaires et civils latino-américains pour la mort de 43 opposants d’origine italienne. Un procès mettant en cause les dictateurs latino-américains coopérant dans le cadre du plan Condor, une « internationale de la répression ».
Parmi les crimes reprochés à Garcia Mez, le « massacre de la rue Harrington », en 15 janvier 1981. Vingt-deux dirigeants du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR) avaient été tués par des paramilitaires. Autre fait d’armes, l’assassinat du dirigeant socialiste Marcelo Quiroga Santa Cruz. Luis Garcia Meza avait également recruté l’ancien nazi Klaus Barbie [arrêté en Bolivie en janvier 1983 après le retour à un régime civil et extradé en France, NDLR] pour mettre sur pied un groupe paramilitaire, surnommé « les fiancés de la mort ».
L’association bolivienne des prisonniers et proches de disparus de la dictature (Asofamd), contactée par la rédaction Amérique latine de RFI, regrette «que le peuple bolivien soit privé de la vérité que Garcia Meza a emportée dans la tombe. Parce que nous ne savons pas où sont les (corps des) disparus, ni combien ils sont…».
Ruth Llanos, représentante de l’association, s’indigne que l’ancien dictateur ait été protégé par l’armée jusqu’à sa mort et qu’il ait été entouré de médecins jusqu’à la fin. Des soins dont n’avaient pas bénéficié ses victimes. L’association des victimes exige que la Commission de la Vérité, créée en août 2017 pour faire la lumière sur les crimes des dictatures militaires des années 70 et 80, assigne en justice les autres responsables de ces massacres et disparitions. « Nous avons des noms » ajoute-t-elle. Et les victimes et leurs familles doivent être indemnisées.
RFI