Theresa May avait demandé un report du Brexit au 30 juin, c’est non. Les dirigeants européens ont décidé ce jeudi 21 mars au soir d’accorder au Royaume-Uni deux options. A huit jours de la date du Brexit initialement prévue, le Conseil européen a accepté de le reporter au 22 mai ou au 12 avril, selon la ratification ou non de l’accord de retrait la semaine prochaine au Parlement britannique.
L’unité des 27, et c’est la première fois, a visiblement tangué, rapporte notre envoyée spéciale, Anissa El Jabri. Des désaccords ont fuité. Il a fallu plus de 6 heures pour arriver à un texte commun, un compromis pour éviter le scénario du pire aux yeux de Paris : un sommet en urgence la semaine prochaine avec, à la clé, un recul des Européens, un report long imprécis du Brexit, le pourrissement de la situation et une Europe qui n’arrive plus à fonctionner.
Les Européens ne l’avouent pas officiellement mais ils n’ont pas confiance. L’échange avec Theresa May a duré longtemps : une heure de questions-réponses, là aussi c’est une première, une heure pour presque rien… La Première ministre britannique, rapporte un observateur, a été jugée « évasive » et « imprécise ».
Deux nouveaux scénarios sur la table
Deux scénarios ont été proposés par les 27 chefs d’Etat et de gouvernement du Conseil européen – et validés par Theresa May en début de nuit. Si la Chambre des communes ratifie cet accord, la nouvelle date butoir sera le 22 mai. Une date qui est aussi un symbole politique puisque c’est la veille du début des élections parlementaires européennes qui pourront se dérouler sans les Britanniques.
Dans le cas contraire, le Royaume-Uni devra décider d’ici le 12 avril s’il participe aux élections européennes fin mai. Une tactique pour obliger les Britanniques à prendre position, leur « renvoyer la balle », a déclaré Emmanuel Macron.
Mais ce dernier cas comporte deux sous-scénarios ! S’il choisit de participer à ce scrutin, le gouvernement britannique pourrait obtenir un autre report, qui ne sera pas automatique. Il devrait, par exemple, proposer un changement politique – comme une élection ou un nouveau référendum – ou modifier ses lignes rouges pour sa relation future avec l’Union, dit-on de source diplomatique. Mais s’il ne participe pas aux élections, il sortira de l’UE le 12 avril. La Première ministre britannique a toutefois déclaré que participer aux élections européennes serait une erreur.
Le Royaume-Uni a accepté ces propositions, a annoncé le président du Conseil européen, Donald Tusk. Jusqu’au 12 avril, toute les options resteront ouvertes, a-t-il ajouté. Dans ses conclusions, le Conseil européen appelle certes à poursuivre les travaux de préparation à une sortie sans accord, mais en creux cette nouvelle étape signe un aveu de faiblesse de la part des Européens.
Les 27 avaient toujours dit : c’est cet accord ou le saut dans le vide. Ils viennent de le montrer, ils n’ont pas vraiment envie de mettre leur menace à exécution…
Rfi