Par 200 voix contre 117, la Première ministre britannique conservatrice Theresa May a remporté ce mercredi soir le vote de défiance organisé au sein de son parti à l’initiative de députés hostiles à l’accord de Brexit conclu avec Bruxelles.
Dans une courte déclaration devant sa résidence officielle, Theresa May s’est dit « ravie » de l’appui manifesté à son égard, qui permettra de « poursuivre la mise en oeuvre du Brexit pour le peuple britannique » et de « réunifier » le pays. La Première ministre a aussi assuré avoir « écouté » le nombre « significatif » de députés lui ayant retiré leur confiance.
Deux cents députés conservateurs lui ont maintenu leur confiance, contre 117 souhaitant la voir partir malgré sa concession faite aux Brexiters à l’origine de la tentative de renversement qu’elle comptait quitter ses fonctions avant les législatives de 2022.
Dans la matinée, Theresa May s’était montrée combative, faisant valoir que son départ et la nomination d’un nouveau Premier ministre risqueraient de retarder, voire d’arrêter le Brexit prévu le 29 mars 2019. Son remplaçant « n’aurait pas le temps de négocier » avec l’Union européenne, a-t-elle prévenu. L’argument lui avait permis de rallier à elle plusieurs ministres, y compris ceux dont le nom est évoqué pour lui succéder.
Mais si Theresa May a gagné du temps, elle n’en a pas pour autant terminé avec le casse-tête du Brexit. Elle participera ces jeudi et vendredi à un sommet européen à Bruxelles où elle tentera désespérément d’arracher aux Vingt-Sept des « assurances juridiques et politiques » sur l’accord de Brexit à même de répondre aux inquiétudes du Parlement britannique, vent debout contre le texte. Car l’accord est à la fois vilipendé par les « Brexiters » qui craignent un arrimage permanent du Royaume-Uni à l’UE, et par les europhiles qui espèrent encore pouvoir faire marche arrière.
Face à la perspective d’un cuisant échec, Theresa May avait annoncé lundi, à la dernière minute, le report du vote sur l’accord prévu le lendemain, promettant de le soumettre à nouveau aux députés avant le 21 janvier. Avant d’entamer une tournée européenne pour tenter d’obtenir des concessions. Mais ce mercredi, Berlin et Paris ont prévenu qu’il n’était pas question de renégocier.
Le gouvernement de Theresa May est également sous la menace du dépôt d’une motion de censure par le Parti travailliste, principale formation d’opposition, avec le soutien des indépendantistes écossais du SNP.
En attendant, chacun lit ce vote à sa façon. Chez les légitimistes, on se félicite.
Mais pour la chercheuse Sophie Loussouarn, maître de conférence à l’université de Picardie, Theresa May ressort bien « renforcée » de ce putsch interne.
rfi