Il n’aura pas écrit ses mémoires. C’est une règle non écrite dans son métier. Tout ce qu’on dira de son rapport avec l’Etat et ses secrets, on l’aura rarement appris de sa bouche. « Un homme comme Bruno avec tous les secrets d’Etat qu’il garde jalousement, s’il décide d’écrire un livre, mais c’est le pays qui va être sens dessus dessous», avise Talla Cissé, l’ancien chef de Cabinet du Président Abdou Diouf de 1983 à 2001, cité par un quotidien dakarois ayant réalisé un portrait du défunt.
Dans son livre Carnets secrets d’une alternance, l’ancien ministre de l’Intérieur du président Abdou Diouf nous apprend qu’il était seul avec Bruno à filtrer les entrées au bureau de l’ex-président de la République entre la publication des premiers résultats issus de l’élection de 2000 par les différentes radios de la place et le coup de fil de l’ex-patron du Parti socialiste félicitant Me Abdoulaye Wade.
L’Histoire retiendra que tous les chefs d’Etat à travers la planète ayant exercé durant les quarante dernières années et qui ont eu des relations diplomatiques avec le Sénégal ont fixé la silhouette de l’inamovible Bruno Diatta. Ce dernier est présenté, à juste raison, par certains chroniqueurs comme le meilleur chef-protocole du continent. Témoin de « trois alternances », une par modification de la Constitution (départ de Léopold Sédar Senghor) et les deux autres par les urnes, il aura laissé ses traces dans l’histoire générale du protocole d’État au Sénégal. Seul Georges Ouégnin de la Côte d’Ivoire, ex-gardien du protocole de Félix-Houphouët Boigny, a bénéficié d’une telle longévité au poste.
C’est en juin 1978 qu’il a quitté le ministère des Affaires étrangères (à l’instar d’un certain Ousmane Tanor Dieng) où il était conseiller technique dans le cabinet du Pr. Assane Seck. C’était pour rejoindre la Présidence de la République. Un an plus tard, il s’occupe du protocole en remplaçant son Excellence Cheikh Lèye, nommé Ambassadeur du Sénégal en Allemagne.
Fils d’Eduard Diatta, ancien ministre de Léopold Sédar Senghor (avant les indépendances), Bruno Diatta allait fêter ses 70 ans le 22 octobre prochain. La natif de St-Louis a fréquenté le lycée Van vo (actuel Lamine Guèye) où il a obtenu un baccalauréat littéraire avec la mention Bien, avant de décrocher une maîtrise en Science politique à Toulouse, grâce à une bourse de l’Etat du Sénégal. C’était dans les années 70.
Sa disparition va, à coup sûr, charrier une avalanche de questions sur l’identité de son successeur.