Budget 2022 en France: Emmanuel Macron «crame la caisse», selon l’opposition

Pas content, le Haut Conseil des Finances publiques en France,  organe indépendant chargé d’évaluer la crédibilité des prévisions du gouvernement, tacle le budget présenté ce mercredi 22 septembre par l’exécutif français. De nombreuses dépenses annoncées n’ont pas encore été intégrées au projet de loi de finances 2022. Le dernier budget d’un quinquennat est traditionnellement généreux. Mais à sept mois de l’élection présidentielle, l’opposition à l’Assemblée nationale dénonce cet envol des dépenses.

« Absolument irresponsable », « Emmanuel Macron crame la caisse ». Les ténors de la droite ont la dent dure contre le président français qui a multiplié les promesses de largesse budgétaire ces dernières semaines. Le chef de l’État fait campagne « avec le chéquier de la France », dénonce Damien Abad, le patron des députés Les Républicains.

« Quand vous créez de la dépense, quand vous créez de la dette, et que dans le même temps vous ne faîtes aucune réforme structurelle, c’est l’abandon de la réforme des retraites, fustige le député LR. C’est l’abandon de la réforme de l’État. Cela veut dire qu’en gros, vous faîtes de la dépense courante et que jamais vous ne financez ces dépenses-là. Le “quoi qu’il en coûte sanitaire”, oui. Le “quoi qu’il en coûte électoral”, c’est non, parce que cela se fait sur le dos des Français. »

Facture sociale
Plan pour Marseille, pour les policiers, les Harkis… Qui va payer ? s’interroge le centriste Jean-Christophe Lagarde.

Pour le député socialiste Boris Vallaud, la facture sera sociale : « Nous nous inquiétons de ne pas voir arriver la loi qu’on nous a promise au premier jour du quinquennat sur le vieillissement et l’autonomie. Il y a beaucoup de gens qui souffrent. Nous nous inquiétons de ne pas voir de stratégie en matière de politique industrielle et de relance. On a un président qui aujourd’hui fait campagne sur encore “le quoi qu’il en coûte” et dont chacun sait qu’au lendemain de l’élection, il en coûtera beaucoup, notamment aux classes populaires et aux classes moyennes. »

« Ce n’est pas open bar », défend de son côté le gouvernement, qui compte sur une croissance dynamique pour financer ses annonces.

Budget 2022: hausses pour les ministères et omissions sur l’investissement et l’aide aux jeunes
Le gouvernement a dévoilé son projet de budget pour 2022. Ce dernier budget du quinquennat prévoit une hausse de l’enveloppe allouée aux ministères, environ 11 milliards d’euros supplémentaires par rapport à 2021. Presque aucun ministère ne verra son budget amputé l’an prochain.

Mis à part le ministère aux Anciens combattants, toutes les autres administrations connaîtront l’année prochaine une hausse de leur budget. Les mieux lotis seront les ministères des Armées, de l’Intérieur et de la Justice qui concentrent à eux seuls 33% des 11 milliards supplémentaires alloués. L’exécutif a également fait le choix d’augmenter significativement le budget du ministère de l’Éducation nationale, de l’ordre d’1,6 milliard d’euros.

Hausse d’impôts exclue
En revanche, ce projet de loi ne précise pas deux grosses dépenses : le plan d’investissement d’avenir et le revenu d’engagement pour les jeunes, une nouvelle aide sociale annoncée en faveur des jeunes précaires. Ils seront ajoutés par amendement plus tard. Des manquements qui n’ont pas plu au Haut Conseil des Finances publiques qui dit être incapable à ce stade de rendre un avis sur ce projet de budget.

L’équation sera difficile pour le gouvernement entre son engagement de réduire le déficit public l’an prochain et la hausse des dépenses. Surtout qu’une hausse des impôts est exclue. L’exécutif compte sur de meilleures recettes grâce à la croissance retrouvée : elle est prévue autour de 6% cette année et de 4% en 2021.

rfi