Burkina Faso: le militant Kémi Séba condamné à deux mois de prison pour «outrage» au président

Au Burkina Faso, l’activiste franco-béninois a été reconnu coupable d’outrage à des chefs de d’État, après trois heures de procès. Interpellé le 21 décembre dernier, il était accusé d’avoir proféré des injures à l’encontre des présidents burkinabè, ivoirien, nigérien et français. Mais pour Kémi Séba, ce procès était encore une preuve que les dirigeants africains reçoivent des ordres de la France.
Kémi Séba écope de deux mois de prison avec sursis et d’une amende de 200 000 francs CFA. Selon le procureur, ce n’est pas le combat de Kémi Séba qui est remis en cause, mais ses propos tenus au cours de la conférence à l’université Joseph Ki-Zerbo. En qualifiant les présidents burkinabè de « passoire ou robot », nigérien de « fou », ivoirien de « dramatique » et français de « petit ou marionnettiste » l’activiste a, selon le parquet, dépassé les limites.

Tout en se défendant, Kémi Séba a profité de l’occasion pour encore une fois exprimer sa position vis-à-vis des relations entre la France et ses ex-colonies. « Je ne regrette absolument rien de ce que j’ai dit et j’assume chaque mot. Chaque lettre. Tant que nos présidents continueront à recevoir des ordres des forces néocoloniales françaises, il y aura une jeunesse africaine qui prendra ses responsabilités, peu importe le prix à payer. »

Pour maitre Prosper Farama, la tenue de ce procès est un recul de la liberté d’expression au Burkina Faso. « Le régime en place aujourd’hui nous ramène trente ans en arrière. Il y a trente ans, on ne pouvait pas dire ce qu’on voulait du président Compaoré. Il y a trente ans, il fallait regarder à gauche et à droite avant de s’exprimer. Qu’il comprenne que ça ne continuera pas. Le symbole de ce procès-là, c’est qu’ils veulent nous faire reculer mais la jeunesse africaine, le peuple burkinabè n’acceptera pas ce genre de recul. »

Selon Kémi Séba et son avocat, ce procès est l’une des conséquences des injonctions du président français aux chefs d’État africains afin qu’ils recadrent leur opinion publique.