Après plus de 1 000 jours de détention provisoire et un procès renvoyé 22 fois, le journaliste Amadou Vamoulké comparaît de nouveau devant la justice camerounaise ce mercredi.
Les avocats de Amadou Vamoulké, accusé notamment de « détournements de fonds public », souhaitent désormais demander sa libération conditionnelle pour raison de santé. Selon deux rapports médicaux, le journaliste de 69 ans risquerait une paralysie totale des membres inférieurs liée à une maladie neurologique.
« Il y a un élément nouveau depuis la dernière audience, c’est l’état de santé d’Amadou qui se dégrade tous les jours un peu plus, souligne Me Alice Nkom, qui coordonne la défense du journaliste camerounais. Donc nous avons l’intention de porter ces faits à la connaissance du tribunal et de lui demander d’ordonner sa mise en liberté provisoire. Après tout, il est présumé innocent depuis trois ans et il est privé de sa liberté depuis trois ans. »
L’avocate souligne le fait que cette mesure interviendrait dans un contexte « d’apaisement, après le grand dialogue national ».
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RSF demande l’évacuation sanitaire du journaliste
Les soutiens de l’ancien directeur de Cameroon Radio Television (CRTV), dont Reporter sans frontières, dénoncent le caractère « profondément politique » d’un procès sans cesse repoussé, et une détention « illégale ».
RSF multiplie les recours pour le faire libérer. « Malheureusement, les audiences devant le tribunal criminel continuent à se succéder, mais il n’y a pas d’avancés, déplore Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de l’ONG. Ce sont des audiences en général très courtes, où l’accusation tourne en rond d’un point de vue judiciaire. Malgré la dégradation de son état de santé, les autorités camerounaises n’ont pas pris les mesures nécessaires pour répondre aux maux dont il souffre, et ce sont des maux assez sévères puisque deux certificats médicaux, l’un réalisé par l’hôpital central de Yaoundé, l’autre réalisé à l’hôpital américain de Paris, attestent que M. Vamoulké est atteint d’une pathologie neurologique qui est qualifiée de sévère dans les deux cas et qui nécessite un traitement, un suivi et des examens qui ne peuvent pas être réalisés au Cameroun. C’est pour ça aussi que nous avons demandé l’évacuation sanitaire de M. Vamoulké. »
Pour accentuer la pression, RSF a saisi deux rapporteurs spéciaux sur la liberté d’expression et sur la détention de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples.
rfi