Probablement le meilleur joueur sénégalais depuis le début de la CAN, Pape Alioune Ndiaye s’épanouit dans un nouveau rôle de sentinelle dans l’équipe où son intelligence et sa technique fluidifient le jeu des Lions. Contre l’Ouganda en huitièmes de finale vendredi, le milieu de 28 ans formé à l’institut Diambars, sera encore attendu pour être la plaque tournante du Sénégal.
De notre envoyé spécial au Caire,
PAN ! Son sobriquet ferait penser à un serial-buteur, mais Pape Alioune Ndiaye est un nettoyeur. Une sentinelle devant la défense, chargée de la propreté des relances et du service après récupération. Il est la principale rampe de lancement des Lions dans cette CAN 2019, le joueur qui donne le ton dans les attaques placées ou rapides et colmate les brèches pour protéger sa défense. Très technique et précis dans ses prises de balle, juste dans ses passes, intelligent dans son placement, il est l’homme de base du système de jeu d’Aliou Cissé depuis plusieurs matches. « Dans la philosophie du jeu que je voulais mettre en place, il était important qu’on soit plus propre dans nos sorties de balle. Avec Pape, on a ce joueur capable de se retourner avec le ballon et de jouer vers l’avant parce qu’il est doté d’une technique vraiment au-dessus de la moyenne, juge Cissé Maintenant, il y a des gros matches qui arrivent, on va encore le juger sur ça ».
Le premier gros test a été contre l’Algérie. Malgré la défaite, PAN, appelé aussi Badou Ndiaye, a été l’un des Lions à surnager alors que les Fennecs l’avaient particulièrement ciblé pour empêcher les relances sénégalaises.
« Il se faisait fracasser par les adversaires »
Evoluer comme sentinelle est un nouveau rôle pour ce milieu de terrain de 179 cm, qui a fait l’essentiel de sa carrière comme milieu relayeur, voire meneur de jeu. Mais comme on le dit dans le milieu du foot sénégalais, il semble que « Badou sait tout faire » (en référence à un célèbre téléfilm sénégalais).
Saër Seck, un des membres fondateurs de l’institut Diambars, se souvient avec malice de son ancien protégé qui ne vivait que pour le ballon et le jeu. « PAN est un garçon très attachant. A l’origine, c’était un excentré très vif et très tonique, révèle celui qui est également président de la Ligue sénégalaise de football professionnel. Mais il était très petit et se faisait fracasser par les adversaires. Pour le protéger, on le mettait sur le banc. Quand il sentait qu’il n’était pas titulaire ou qu’il ne le serait pas, il pleurait à chaudes larmes s’inventant des maladies, surtout des maux de ventre, dont il guérissait dès que je lui proposais de le ramener chez lui. Ou dès qu’il redevenait titulaire…»
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De la Norvège à la Turquie
Pape Alioune Ndiaye est quasiment né avec le ballon avec un père militaire, entraîneur du club de foot des forces armées sénégalaises (ASFA), et futur formateur à Diambars. Avec une maman enseignante, le jeune Pape Alioune a été poussé à décrocher son bac avant de tenter l’aventure d’une carrière professionnelle dans le foot. Celle-ci démarre en Norvège (FK Bodø), passe une première fois par la Turquie (Osmanlıspor), en Angleterre (Stoke City), avant de se poser une nouvelle fois en Turquie avec Galatasay, et un titre de champion.
Aujourd’hui, après 20 sélections (un but), Pape Alioune s’est installé en équipe nationale où il est le complément idéal au milieu de son camarade de promotion à Diambars, Idrissa Guèye. « Pape, c’est plus qu’un coéquipier, c’est un frère. On a passé notre formation et notre enfance à Diambars. Sur le terrain, on s’entend bien et on se parle beaucoup. Comme le coach me demande souvent de faire le pressing devant, lui, il assure mes arrières et celle de l’équipe. Il est là pour notre sécurité et on n’a pas besoin de venir chercher les ballons parce qu’il est capable de nous les apporter. »
Défendre, récupérer, et servir, il ne manque plus que des buts à PAN pour faire définitivement honneur à son sobriquet…