Carburant, denrées, loyer… : Ces hausses de prix qui asphyxient les ménages sénégalais

Carburant, denrées, loyer... : Ces hausses de prix qui asphyxient les ménages sénégalais

À l’instar du reste du monde, le Sénégal subit de plein fouet les conséquences économiques de la guerre entre deux pays d’Europe, l’un producteur de blé et l’autre d’énergie (pétrole, gaz) chez qui il se pourvoit généralement de ces différentes matières.

« La situation est très critique »

Selon Sud Quotidien, du nord au sud, notre pays est frappé par une inflation sans précédent. Cette situation, pour le moins inconfortable, s’est invitée dans le quotidien des Sénégalais, pris dans un tourbillon d’inquiétudes dont on ignore l’issue.

D’après un père de famille interrogé par le journal, «la situation est présentement très critique pour nous. On n’arrive plus à assurer à nos enfants les trois repas quotidiens. Nous sommes obligés de cuisiner une seule fois dans la journée et d’en garder pour le diner. Les temps sont durs, surtout pour nous les plus démunis. Quelques fois, faute d’argent, on consomme de la bouillie toute la semaine».

« Le chef de l’État doit savoir que… »

Quant à la hausse du carburant il se confie : «Je conduis actuellement un engin mais il m’est difficile de me pourvoir ne serait-ce que d’un litre d’essence alors qu’il m’en faut deux pour fonctionner. Si je n’ai pas de quoi manger, comment vais-je trouver de quoi alimenter ma moto ? Je n’arrive plus à joindre les deux bouts, même pour payer le loyer c’est devenu un vrai calvaire. Mon travail de marchand me dépourvoit de certains privilèges et ce que gagne par jour n’est pas à la hauteur de mes dépenses. Le président de la République, à qui nous avons remis toutes nos forces, fait preuve d’inertie totale dans ce sens. Sans doute parce que ses proches n’éprouvent pas ce par quoi nous passons. Il doit savoir que nous souffrons et bientôt nous allons mourir de faim, dans la rue» a-t-il lancé, très remonté.

«Les citoyens doivent être soutenus»

Son opinion «acerbe» envers les tenants du pouvoir est nettement partagée par certaines personnes trouvées dans les parages dont un fonctionnaire du nom de Pierre, résidant dans la commune de Biscuiterie.

Modestement vêtu, relevé de compte bancaire à la main, il évoque sa situation financière «scandaleuse» et déplore le fait que les augmentations de salaires ne se fassent que d’un seul bord.

«Nous ne sommes pas concernés par les augmentations de salaires que nous entendons par ci et par là. C’est réservé à un corps de métier, notamment les enseignants. Je suis un fonctionnaire endetté jusqu’au cou et obligé de changer de banque à chaque fois que celle-ci ne peut plus m’accorder du crédit. Mon salaire mensuel est en deçà des besoins de ma famille, lorsque je le perçois, il s’engloutit dans tout un tas de dépenses (achat de ravitaillement, frais de scolarité des enfants, factures d’eau, d’électricité et de téléphone etc.). Je parviens tant bien que mal à maitriser la situation pour le moment, mais aussi longtemps que le conflit perdure, je ne saurais dire ce qu’il adviendra de moi. Je n’ignore pas le fait que l’inflation est d’ordre mondial, mais que l’Etat prenne des mesures allant dans le sens de renforcer la bourse des citoyens, en augmentant les salaires pour ceux qui travaillent et en offrant des emplois à ceux qui n’en possèdent pas, ceci aidera à maintenir l’équilibre sociale», pense-t-il.

Quid du tarif des transports ?

Du point de vue des conducteurs, une possible hausse des tarifs du transport guette la population en raison de la flambée du coût du supercarburant qui passe de 775 à 890 FCFA.

Modou Thioune, chauffeur à la gare Beaux Maraîchers, de marteler : «Pour le moment, il n’y a pas encore d’augmentation des prix du transport, mais on tend vers. Car, si le coût du litre de gasoil continue de grimper, on sera tenu de faire payer plus les clients pour au moins faire un petit bénéfice le soir. Cela ne sert strictement à rien de travailler à perte, autant rendre les voitures et aller dormir comme tout le monde puisqu’on ne peut rien de cette situation. Moi, je suis chauffeur et à vrai dire, seul mon métier m’intéresse, le reste c’est à l’État de le gérer».

«Le gouvernement doit revoir les taxes»

Toutefois, le directeur exécutif et responsable de l’ONG islamique Jamra a tenu à apporter son analyse de la situation. Bamar Guèye s’en est pris à l’État et à la population pour mieux situer le problème.

«L’État doit faire preuve d’une réelle volonté politique pour amortir l’inquiétude des Sénégalais. Les dirigeants du pays doivent faire des sacrifices pour le bien-être de la communauté mais aussi, il est tout important pour les Sénégalais de comprendre la conjoncture actuelle et ne pas s’attendre à des miracles. On ne disconvient pas du fait que la responsabilité d’améliorer les conditions de vie incombe à l’État, et il ne doit pas faillir. À lui (l’État) de comprendre que la bourse des différentes franges de la société diffère, et baisser les prix des denrées de premières nécessités. Certes, l’incidence sera importante au niveau budgétaire, car cela pourrait induire à un endettement mais c’est un sacrifice qui en vaut la peine».

Consommer local, la panacée ?

Et de poursuivre en insistant sur le fait que les Sénégalais doivent apprendre à consommer ce qui est produit dans le pays. «C’est la forte consommation des produits d’ailleurs qui encourage notre gouvernement à importer plus, donc nous remettre à la consommation locale permettrait d’une part de réduire les importations et d’autre part de nous prémunir des chocs alimentaires de cette envergure», dit-il.

Avant de terminer : «Par rapport à la hausse du prix du carburant, disons-nous qu’elle est occasionnée par la même situation qui est responsable de l’inflation mondiale. Mais, c’est à l’État de revoir le système de taxation énergétique afin de ne pas causer plus de dommages aux Sénégalais. Ce ne sera pas chose facile, mais il le faut pour le bien-être de tous. Qu’il s’agisse des vendeurs de carburant ou des consommateurs».