Un petit véhicule gris, équipé de rideaux pour cacher un passager à l’arrière : Carlos Ghosn. L’ancien patron de Renault-Nissan-Mitsubishi a, de nouveau, été arrêté à son domicile à Tokyo, sur ordre de la justice japonaise. Un mois à peine après sa libération sous caution, le voilà de retour à la prison de Kosuge, où il a déjà passé plusieurs mois. Carlos Ghosn est visé par de nouveaux soupçons de malversations financières. Dans une interview recueillie par la chaîne française LCI, il lance un appel à la France pour préserver ses droits en tant que citoyen.
Cette fois, les regards se tournent vers le Moyen-Orient, vers le sultanat d’Oman et notamment un distributeur de véhicules pour le compte de Nissan. Des fonds suspects y auraient été transférés pour un total de 30 millions de dollars. Une partie de cet argent serait revenue indirectement à Carlos Ghosn, qui aurait grâce à ça, acheté un yacht et investi dans une société dirigée par son fils Anthony aux États-Unis. Un possible détournement de fonds qui lui fait donc risquer une quatrième mise en examen.
Son avocat a annocé qu’il allait faire appel de cette nouvelle arrestation. Il se dit lui-même surpris par ce énième rebondissement. « Il a enregistré une vidéo résumant son point de vue, document que nous prévoyons de diffuser », a annoncé Me Hironaka. L’avocat accuse même le parquet de Tokyo d’avoir confisqué des documents dont Carlos Ghosn avait besoin pour préparer son procès.
Carlos Ghosn était soumis à un contrôle judiciaire extrêmement strict – du jamais vu en termes de sévérité dans l’histoire judiciaire japonaise. Il respectait à la lettre son contrôle judiciaire. Le tribunal de Tokyo avait jugé que, grâce à ce dispositif, il ne présentait pas le moindre risque de fuite ou de destruction de preuves. Et puis là, tout à coup, on vient l’interpeller à son domicile puis on le place en détention ! Mais enfin…Rien, absolument rien, ne justifie un tel traitement ! Nous condamnons donc avec la plus grande fermeté ce procédé !
Avant son arrestation ce matin, Carlos Ghosn a pris la parole. Ce sont nos confrères de LCI qui ont réussi à le joindre par internet dans son appartement. Il lance un appel à la France : « Je suis combatif, je suis innocent. C’est dur, il faut le savoir. Et je fais appel au gouvernement français pour me défendre, pour préserver mes droits en tant que citoyen, pris dans un engrenage incroyable à l’étranger. Il y a eu une démolition systématique et on sait très bien qu’elle en est l’origine. Il y a quelques personnes à l’intérieur de Nissan qui sont à l’origine de cela. Ils bénéficient de complicité aussi à l’extérieur de Nissan. Cela ne leur a pas suffi d’influencer et d’agir au Japon, ils agissent aussi à l’extérieur du Japon, et notamment en France. »
Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie lui a en partie répondu il y a quelques minutes sur BFM TV : « Carlos Ghosn bénéficie de la présomption d’innocence et de la protection consulaire », parce qu’il est «un justiciable comme les autres». Il a également dit avoir transmis à la justice de «nouveaux» et «importants éléments» apparus dans l’enquête interne de Renault sans en révéler le contenu.
L’annonce de cette arrestation a été un choc ce matin pour les soutiens libanais du dirigeant. Nadim Nader, son ami d’enfance et président de son comité de soutien libanais, s’est exprimé sur l’antenne de RFI. Pour lui, l’annonce faite, via Twitter, par Carlos Ghosn d’une prochaine conférence de presse le 11 avril, a fait peur.
Peut-être qu’il a fait peur parce qu’il a dit que le 11 de ce mois, il devait tenir une conférence de presse. On a peur qu’il dise la vérité. Et la vérité, c’est qu’il y a un complot contre lui à l’intérieur même de la société.
rfi