Deux députés français de la majorité et trois de leurs homologues belges s’étaient mis d’accord pour soumettre une déclaration conjointe sur la RDC à leurs commissions des Affaires étrangères respectives. Le texte appelait le président Kabila à respecter ses engagements et à tout mettre en œuvre pour honorer l’accord de la Saint-Sylvestre. Mais le projet a capoté à Paris pour des raisons techniques et politiques.
« Ça n’est pas grave… » Georges Dallemagne maîtrise parfaitement l’art de la diplomatie. Pas question pour lui d’accabler les parlementaires français à l’origine pourtant d’un vrai raté. Le mois dernier, ce député belge et deux de ses collègues – Jean-Jacques Flahaux et Els Van Hoof – s’entretiennent à Paris avec deux de leurs homologues français, Frédéric Descrozaille et Joachim Son-Forget. Ces derniers, élus de La République en marche (LREM), leur proposent de soumettre à leurs commissions des Affaires étrangères respectives une déclaration commune sur la République démocratique du Congo (RDC).
Le texte appelle notamment le président Joseph Kabila à respecter ses engagements et à tout mettre en œuvre pour honorer l’accord de la Saint-Sylvestre. « C’était une position très ferme, analyse Georges Dallemagne, mais il ne s’agissait absolument pas de vouloir aller au-delà de la position européenne mais la renouveler, la soutenir ». L’idée est acceptée par les élus belges qui font rapidement valider cette déclaration par la commission des relations extérieures de la Chambre des représentants du royaume de Belgique.
Douche froide
Mais côté français, c’est rapidement la douche froide. Premier écueil : la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale n’est pas habilitée à signer de déclaration conjointe avec une commission d’un autre Parlement. Les deux députés français imaginent alors la soumettre au vote de l’ensemble de l’Assemblée. Mais leur projet est rejeté dès le départ par leurs collègues de la majorité, ces derniers leur reprochant d’avoir agi de manière isolée.
Une autre raison explique ce rejet : signer un texte avec les Belges n’étaient pas du goût de tout le monde au sein du parti présidentiel. « La diplomatie française est quand même beaucoup plus soucieuse de jouer collectif en mettant en avant les acteurs les plus importants localement, c’est-à-dire les pays de la région », explique le député macroniste Jacques Maire, vice-président de la commission des Affaires étrangères. Pour lui, « une déclaration franco-belge aurait eu un inconvénient assez important : d’avoir une posture des ex-puissances coloniales de la zone qui dicteraient des règles de bonne conduite aux Africains. Et ça, ajoute ce pilier de la majorité, je pense que c’est un schéma qui nous aurait conduit à un piège du point de vue de la perception par les opinions publiques locales ».
Cette déclaration aurait surtout été mal vue par l’Elysée confie une source parlementaire, car la France s’est toujours voulu beaucoup plus discrète et plus modérée que la Belgique sur ce dossier congolais.
rfi