La ‘’cuillère’’ du président-politicien doit chercher d’autres arguments pour nous convaincre de banaliser les graves accusations qui pèsent lourdement sur Monsieur Oumar Diallo
Oui, cette fois, nous ne lui donnerons pas raison. Lui, c’est le vieux président-politicien qui disait ironiquement de nous, que « nous avions du mal à nous souvenir de notre dîner de la veille et ne croyions qu’à l’argent et aux honneurs ». En d’autres termes, nous n’avons pas de mémoire et oublions vite les événements les plus importants. Il n’a pas tout à fait tort, notre vieux président, si on considère, aujourd’hui, le nombre impressionnant de détestables transhumants qui monnaient honteusement leur sens de l’honneur et de la dignité – s’ils l’ont jamais eu – contre les misérables prébendes que leur offre, en retour, le très liquide président-politicien. Il n’a pas tort, non plus, si on fait le point du nombre tout aussi impressionnant de scandales gravissimes qui ont jalonné sa longue et nauséabonde gouvernance de douze ans. Scandales dont le moins grave est infiniment plus grave que le « maquillage des comptes publics » et l’ Affaire ‘’Bygmalion’’ qui ont valu respectivement sa destitution à l’ancienne Présidente du Brésil Wilma Rousseff et à Nicolas Sarkozy son tout récent renvoi devant le Tribunal correctionnel de Paris.
Ces scandales se sont déroulés sous nos yeux, sans retenir notre attention, sans soulever le moins du monde notre indignation. Nous en rappellerons quelques-uns, le rappel étant pédagogique chez nous enseignants, et utile aux fidèles, aux yeux de l’Islam. Nous pouvons ainsi remonter en surface le fameux ‘’Protocole de Reubeuss’’, qui n’est plus désormais une vue de l’esprit, comme on s’est évertué à nous le faire croire depuis les années 2006. Or, devant l’évidence, le Procureur de la République s’en est autosaisi, après des déclarations graves et sans équivoque de deux sulfureux compatriotes qui étaient des proches du vieux président-politicien pendant plusieurs années. C’est le quotidien national ‘’Le Soleil’’ lui-même, que personne ne peut suspecter d’hostilité vis-à-vis du président-politicien Jr qui, dans son édition du 19 juillet 2016, s’en est fait l’écho dans les termes qui suivent :
« Le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, s’est autosaisi pour tirer au clair l’affaire dite des 74 milliards de FCfa qui défraie la chronique dans le landerneau politique sénégalais. Selon la Rfm, Samuel Sarr est ‘’le premier à être convoqué et il sera entendu aujourd’hui par la sûreté urbaine’’. L’avocat Me Ousmane Sèye, la notaire Me Nafissatou Diop, le colonel Malick Cissé et le député Oumar Sarr, ex-compagnon d’Idrissa Seck, ‘’seront entendus dans les jours à venir’’.
Si le leader du parti ‘’Rewmi’’ réclamait un jury d’honneur pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur les accusations portées à son encontre par l’ancien ministre Samuel Sarr et les révélations des protagonistes du protocole dit de ‘’Rebeuss’’, le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, a décidé de prendre les choses en main. Cette auto-saisine du procureur était souhaitée par l’ensemble de la classe politique et la société civile pour réclamer une enquête sur cette affaire après les sorties de Me Ousmane Sèye, de la notaire Me Nafissatou Diop, du colonel Malick Cissé, du député ex-‘’rewmiste’’ Oumar Sarr, lesquelles ont été suivies de la réplique d’Idrissa Seck réclamant la mise en place d’un jury d’honneur.
Selon la Rfm, l’enquête a été confiée au commissaire El Hadji Cheikh Dramé, patron de la Sûreté urbaine de Dakar. Ainsi, l’ancien ministre de l’Energie sous Wade, Samuel Sarr, est convoqué ce mardi à 15 heures et sera ainsi le premier à être entendu dans le cadre de cette affaire qui agite depuis quelques temps le paysage politique sénégalais. A sa suite, Me Ousmane Sèye, Me Nafissatou Diop, le colonel Malick Cissé et Oumar Sarr, ex-compagnon d’Idrissa Seck, seront entendus dans les jours à venir pour tirer au clair ces accusations tous azimuts (…). »
C’était clair, net et sans équivoque. De cette nébuleuse affaire qui portait sur des dizaines de milliards de francs CFA dont personne – les deux protagonistes exceptés -, ne connaissait l’origine, nous allions enfin être édifiés. Quelles ne furent notre surprise et notre grande déception quand, le même jour, la presse annonça que le Procureur de la République s’était rétracté. Ainsi, le site ‘’seneweb.com’’ précisait : « L’État a finalement décidé de surseoir à l’enquête sur le ‘’Protocole de Rebeuss’’ qui devait démarrer ce mardi. Selon des sources de ‘’seneweb’’, il a été demandé au Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar, Serigne Bassirou Guéye, de ranger le dossier dans les tiroirs jusqu’à nouvel ordre.
À son tour, le commissaire El Hadji Cheikh Dramé, patron de la Sûreté urbaine, a été sommé d’arrêter les auditions prévues. Ainsi, les interrogatoires de Samuel Sarr et de Birahim Seck du Forum civil, prévus ce mardi à partir de 15 heures, ont été annulés.
L’avocat Me Ousmane Sèye, la notaire Me Nafissatou Diop Cissé, le colonel Malick Cissé, le député Oumar Sarr, ex-numéro 2 et Idrissa Seck ne seront également pas entendus. » J’ai cité fidèlement.
Que s’était-il réellement passé ce jour-là ? Qui avait fait reculer le Procureur de la République et pourquoi ? Ces questions, la presse, la classe politique et la société civile avaient le devoir de se les poser avec insistance. Pourtant, le plus petit doigt n’avait alors été levé pour demander des explications. Ainsi, cette affaire gravissime d’un détournement de 74 milliards de francs CFA dont nous ne savons rien de l’origine, a été depuis lors enterrée, dans l’indifférence générale.
On peut aussi évoquer l’affaire qui a opposé Cheikh Amar à l’Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), dont le tout nouveau Directeur général d’alors, Monsieur Thierno Alassane Sall, a fait face à la presse le mercredi 30 mai 2012, dans un hôtel de Dakar. C’était pour tenir le public informé des différents problèmes qu’il a trouvés sur place, dont certains très graves. Parmi ces problèmes, le différend qui opposait la Société dont il venait de prendre la direction à ‘’l’homme d’affaires’’ préféré du vieux président-politicien et de son successeur. Il révéla lui avoir envoyé une mise en demeure, « pour lui demander le remboursement d’un montant global de 8,2 milliards de francs Cfa ». Et il le menaçait « de le traduire devant les tribunaux s’il ne s’exécutait pas ». Les huit milliards lui avaient été remis dans le cadre d’une transaction immobilière. Il devait vendre à l’ARTP deux immeubles intégralement payés (à l’avance), immeubles se trouvant aux Almadies et qui devaient abriter le siège de l’Institution. Lesdits immeubles n’étaient malheureusement qu’à l’état de fondation. Un huissier avait constaté que les travaux venaient à peine de démarrer. Le nouveau Directeur général avait aussi révélé et dénoncé que ‘’l’acte de vente relatif (au) premier immeuble n’a jamais été authentifié au sens juridique du terme’’. Pour de plus amples informations sur cette affaire probablement enterrée comme de nombreuses autres, je renvoie le lecteur à la Conférence de presse du 30 mai 2012 du Directeur général d’alors, Monsieur Thierno Alassane Sall.
Le même Cheikh Amar a été l’objet d’accusations particulièrement graves de la part du site ‘’dakaractu’’. Ainsi, le mercredi 11 octobre 2017, le site jette un pavé dans la mare, avec ce gros titre : « La CRÉI sur la piste d’une supposée rétro-commission de 12 milliards versée à Cheikh Amar (Documents).» Et le site de développer : « En enquêtant sur la richesse de Madické Niang, dans l’affaire des biens mal acquis, les enquêteurs sont tombés sur du lourd. Suite à une requête des gendarmes enquêteurs, la Bicis a répondu avoir trouvé dans ses livres le compte bancaire K001001528000504700068 appartenant à la société MDL (Minéral Déposit Limited Sénégal) qui exploite actuellement le zircon dans la région de Thiès. Ledit compte désormais clôturé a intrigué la direction de la Bicis qui dans sa lettre réponse aux enquêteurs souligne qu’il y a eu ‘’des mouvements d’opérations remarquables’’ ». Le site donne ensuite des exemples concrets : des chèques de différents montants reçus par ce qu’il appelle « ce beau monde » (Amar et ses frères), et qui ont transité par des comptes de la BICIS. Et le site de préciser que
« ce beau monde a bénéficié entre 2007 et 2008, de pas moins de 12 milliards de francs CFA débités des comptes de MDL en leur faveur (….) ».
Les graves révélations du site, que l’on peut lire de façon exhaustive dans le texte du mercredi 11 octobre 2017, ont circulé ces temps derniers sur la toile sans retenir l’attention de personne. Ni de la presse, ni de la société civile, ni de personne d’autre. Elles sont enterrées, comme les nombreuses autres que nous connaissons depuis le 1er avril 2000.
Une autre affaire, celle-là que nous n’avons pas encore oubliée malgré nos mémoires défaillantes, est relative à un supposé gros détournement de deniers publics révélé par Ousmane Sonko. En effet, face à la presse, le mardi 16 octobre 2018, il a accusé gravement Mamour Diallo, Directeur des Domaines, d’avoir détourné 94 milliards de francs Cfa, dans le cadre d’une affaire foncière. M. Sonko a enfoncé le clou en ajoutant qu’ «il (n’en était) pas à son coup d’essai car il a été épinglé par d’autres rapports, notamment par l’IGE et la Cour des comptes ». Il précise avoir « saisi tous les organes de contrôle, mais il n’y a que l’Ofnac qui a réagi ». « Or, conclut-il, cela est un crime économique.»
Je ne connais pas d’accusation publique aussi grave. Or, pendant plusieurs jours, l’accusé est resté muet comme une carpe. Il a fallu que des voix s’élèvent ça et là, y compris des militants de Louga son fief politique, pour le sortir de son mutisme. Il déclare avoir constitué un pool d’avocats et porté plainte. Depuis lors, on n’en entend plus parler. Qu’est-elle devenue cette plainte, si plainte il y a ? En tout cas, cette fois, nous ne devons pas laisser passer facilement. Cette affaire ou supposée telle ne doit pas connaître le sort facile des nombreuses autres qui l’ont précédée. Des deux choses l’une : 1) ou M. Sonko raconte des histoires et il doit alors être traîné devant les tribunaux ; 2) ou ses accusations sont fondées et l’accusé doit être déchargé de toutes ses fonctions politiques et administratives. Malheureusement, dans tous les cas de figure, le président-politicien ne prendra contre lui aucune mesure.
D’ores et déjà d’ailleurs, l’avocat attitré – et pour cause – du président-politicien et de son clan nous prépare à un certain scénario, celui que les graves accusations de M. Sonko ne seraient qu’un ‘’fonds de commerce politicien’’. Elles n’auraient pour objectif que de se faire traduire en justice par l’accusé pour ‘’diffamation’’. « Ce qui serait pour lui du pain béni pour dire à l’opinion ‘’je vous l’avais dit’’ ».
Les ‘’délices’’ du pouvoir rendent vraiment fou. C’est comme si je me trouve dans un rêve, au beau milieu de la nuit. Ousmane Sonko qui porte d’aussi graves accusations, rien que pour se faire traîner en justice par l’accusé et pouvoir dire à l’opinion : « Je vous l’avais dit » ! Il serait alors devenu vraiment fou de se jeter dans la gueule du loup affamé, lui à qui on cherche des poux au quotidien !
La ‘’cuillère’’ du président-politicien doit chercher d’autres arguments pour nous convaincre de banaliser les graves accusations qui pèsent lourdement sur Monsieur Oumar Diallo, et finir par les « ranger avec les lampes à huiles dans les ténèbres des vieux âges », pour paraphraser L. S. Senghor. Tout ce qu’il nous reste de compatriotes sains devrait se mobiliser pour exiger de M. Diallo, qu’il sorte de son mutisme pour ‘’laver sa peau’’, en traduisant son accusateur en justice. S’il ne le faisait pas, il gagnerait certainement des galons auprès du président-politicien, mais perdrait tout crédit devant ses compatriotes, à commencer par ses ‘’militants’’ de Louga.