Après Koudiounghor et thionk-Essyl, le chef de l’aile combattante du Mdfc, Sadio Sadio, voulait organiser une troisième rencontre à Diouloulou (département de Bignona près de la frontière gambienne), précisément à la place publique de Djiter. Cette provocation de trop n’a pas eu lieu puisque le sous-préfet de l’arrondissement de Diouloulou a interdit la réunion. Tentant de braver l’interdit préfectoral, les émissaires de Salif Sadio ont été chassés de la zone par les éléments de la gendarmerie renforcés par l’Armée. Dans la mêlée, un membre du Mdfc chargé de l’organisation du meeting a été interpellé, auditionné puis relâché par les gendarmes. Informé de la situation, Salif Sadio a promis de revenir en force…
Dans ce que l’on appelle désormais le fiasco de Diouloulou, l’Etat a prouvé que la Casamance est une région à part entière du Sénégal comme le sont Saint-Louis, Kaolack, Dakar ou Tambacounda. D’où les consignes données à l’Armée, la Gendarmerie et la Police de ne laisser aucune bande de malfaiteurs squatter le moindre pouce du territoire national.
Des ordres appliqués à la lettre samedi dernier 22 juin dans le département de Bignona. Et précisément dans le village de Diouloulou où le chef rebelle du Mdfc Salif Sadio voulait tenir une troisième réunion populaire après celles de Koudiounghor et de Thionck-Essyl. Une réunion que les éléments de la Gendarmerie et de l’Armée ont dispersée en fin de compte. En réalité, d’ailleurs, elle n’a pas eu le temps de se tenir. Pour refus d’obtempérer, un membre du comité d’organisation a été interpellé et auditionné par les éléments de la brigade de gendarmerie de Diouloulou avant d’être relâché. A part cette interpellation, aucune arrestation n’a été enregistrée et aucun coup de feu tiré à la connaissance du « Témoin » quotidien.
Une audio-déclaration liminaire de Salif Sadio attendue à Diouloulou
Pour justifier son « droit » de rassemblement, Salif Sadio a évoqué les accords de Rome du 22 février 2014 consécutifs au processus de négociations entre le Gouvernement et le Mouvement des forces dé- mocratiques de la Casamance (Mdfc). « Après les rencontres de Thionk-Essyl et de Koudiounghor, nous organisons une nouvelle rencontre populaire d’informations et d’explications dans la commune de Diouloulou ce samedi 22 juin 2019. A cette occasion, le Mfdc invite les populations casamançaises et les sympathisants ainsi que tous ceux qui s’intéressent à la question à venir massivement assister à cette rencontre ». Voilà ce qu’avait écrit Salif Sadio dans son communiqué signé et rendu public jeudi dernier c’est-à-dire trois jours avant la réunion. Comme pour les rencontres de Koudiounghor et Thionk-Essyl, « Le Témoin » a appris que Salif Sadio allait faire faux bond au rassemblement de ce weekend ! Selon une source proche du Mfdc, Salif Sadio aurait enregistré une audio que ses lieutenants voulaient faire écouter aux populations de Diouloulou en guise de déclaration liminaire lors du meeting avorté.
Dans la nuit de vendredi à samedi, et au moment où les organisateurs s’affairaient aux installations des bâches et chaises ainsi qu’aux tests de sonorisation, le sous-préfet de Diouloulou a surgi pour leur notifier l’interdiction de la manifestation. Ce dont les organisateurs n’ont pas voulu entendre parler dans un premier temps. Pour faire valoir leur droit de se réunir, ils montrent au sous-préfet et au commandant de brigade un document renfermant les « accords » de San’Egidio. Peine perdue ! Pendant ce temps, des gendarmes lourdement armés sommaient les organisateurs de décamper et quitter les lieux. Pour cause, ont expliqué les pandores, tout rassemblement non autorisé et toute occupation illégale de la place publique seront rigoureusement réprimés conformément à l’arrêté préfectoral.
Très tôt le samedi matin, les éléments d’escadron de la Gendarmerie équipés de blindés se sont déployés sur la place publique où devait se tenir la rencontre. Et des dizaines de kilomètres à la ronde à savoir dans les villages environs de Koubanack, Missirah, Kataba Konkoudia, Badjikounda et Kataba Mouniane, les soldats de l’Armée multipliaient les barrages et les fouilles de véhicules. Bref, toute la zone de Bignona était quadrillée. Pour parer à toute éventualité, le commandement de la Zone-Sud avait renforcé les contrôles de véhicules et multiplié les check-points sur les pistes menant vers les profondeurs du maquis que devaient emprunter les conférenciers du Mdfc. Et lorsque Salif Sadio a été informé par ses émissaires de l’inaccessibilité de la zone de Diouloulou, il les a tout bonnement invités à rebrousser chemin. Avant de jurer de tenir ultérieurement sa troisième rencontre avec les populations.